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Henri IV

à

Monflanquin  ?

 

 

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La tradition orale de Monflanquin veut que Henri IV soit venu dans la bastide ; et même certains vont jusqu’à dire dans le carrerot des cabanes… Il arrive souvent qu’une approche historique, plus exigeante, mette à mal une tradition locale et ne laisse que désillusion et déception. Mais ce risque ne peut empêcher de poser le problème : Henri IV est-il passé à Monflanquin ?

Si tel est le cas, ce n’est possible que pendant la période où il réside dans la région du sud-ouest c’est à dire entre 1577 et 1585. C’est à dire quand il se fixe à Agen puis à Nérac.. .

Or, en 1574, la bastide de Monflanquin est tombée entre les mains des Protestants pour y rester durablement. Ce qui rend possible la venue d’Henri IV sans qu’il y ait nécessité de combats passés à la postérité. Si les déplacements en temps de paix sont moins faciles à repérer que des expéditions militaires car moins " événementiels " ils le sont par le courrier envoyé, les cahiers d’intendance qui assurent la logistique…

Logistique d’autant plus en alerte que les voyages, les déplacements constants sont un choix déterminé chez Henri de Navarre. Où qu’il soit, Henry ne peut s’empêcher d’être en mouvement, de se déplacer en restant le minimum de temps en un même lieu. Il donne le sentiment que le mouvement est un besoin fondamental chez lui : Henri de Navarre est avant tout un homme de mouvement. Dès lors il n’est pas invraisemblable que le futur Henri IV soit passé par Monflanquin au cours de tous ses nombreux voyages.

*            *

  *   

Le 4 Février 1576, au cours d’une partie de chasse dans la forêt de Senlis, faussant compagnie à ses gardes du corps, Henri IV prisonnier des Valois depuis les massacres de la St Barthélemy réussit à s’échapper et galope d’une seule traite jusqu’à Pontoise. La folle chevauchée se poursuit sans arrêt jusqu’à Alençon. Puis, après un court " logis " à la Flèche, il fait halte à Saumur (1).

C’est à la suite de cette évasion réussie qu’il s’installe, roi de Navarre, dans le Sud-Ouest du royaume à l’abri des troupes royales et plus précisément dans le Lot-et-Garonne de 1577 à 1585.

 

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     Il s’installe dans un premier temps à Agen où le comportement de son entourage entraîne de fortes réprobations. De sorte que la cour de Navarre est obligée de quitter cette résidence qu’elle considérait comme son "petit Paris", pour se réfugier à Nérac (2).

Des raisons pratiques expliquent le choix de Nérac. Pour son confort le jeune roi de vingt trois ans dispose du château qui offre d’excellentes conditions de séjour. La proximité d’un vaste terrain de chasse, le parc de la Durance, est un autre attrait non négligeable pour ce grand chasseur. (3)

Mais Nérac est aussi au centre du triangle que constituent trois villes : Pau, capitale du royaume de Navarre ... Montauban, centre du "contre-état" protestant ... Bordeaux, la capitale de la Guyenne dont Henri est gouverneur au nom de Henri III.

Pendant ces quelques années le Lot-et-Garonne offre "un espace de liberté et d’apprentissage politique" à Henri de Navarre. Par ailleurs certains historiens pensent que ce séjour est une étape essentielle dans la transformation des pays de moyenne Garonne : la "terre" d’Agenais du Moyen-Age devient une province, forme qui a procédé le département de 1790.

Ainsi, de 1577 à 1585, l’union entre Henri de Navarre et le territoire concerné a été particulièrement étroite et fructueuse. A partir de 1585 Nérac perd de son importance comme capitale au profit de La Rochelle au centre désormais de la zone de conflit.

A l’époque où Henri IV arrive dans le Sud-Ouest, Monflanquin est acquise aux protestants depuis deux ans. En effet le 31 Août 1574 la ville s’est donnée aux protestants, qui s’y sont installés durablement. (4)

En vain le capitaine Jean de Vezins, qui commande à Villeneuve une partie de la compagnie de Villars, cherche-t-il vers la fin de la même année de reprendre cette place. Il est battu sous les remparts de la bastide par Vivant et Langoiran chefs des huguenots ; il est obligé de se retirer et Monflanquin reste acquise aux protestants.

En 1574 les Protestants maître de la ville de Monflanquin s’assurent la direction de la jurade par une nomination de Consuls, à la St Michel c’est à dire le 29 Septembre et non plus le 15Août. Les six consuls jusque là obligatoirement catholiques sont dorénavant uniquement des protestants : M° de Boudou gouverneur, Sarrau Guillem, Rayac Antoine, Calcat François, Bequays Jean, Pauly Pierre inaugurent cette disposition nouvelle, appelée à durer de longues années. (4)

La question mérite d’être posée sur les rapports de cette place forte protestante avec Henri de Navarre pendant son séjour, de 1577 à 1585, dans le Sud-Ouest.

En effet, en 1574 Denis du Thil, écuyer, seigneur de Boudou, gouverneur de Monflanquin sous l’obéissance de Langoiran donne mission à Pierre Pantes, seigneur de la Rivière, de représenter la ville à l’assemblée qui se tiendra à Montpellier, le 25 novembre, et d’offrir ses services à Damville et de souscrire en son nom à tout ce qui sera décidé pour la défense commune(5). Les Monflanquinois ont-ils été de ceux qui envisageaient une république protestante au travers des "Provinces Unies du Midi" ?

Autre problème, celui-ci d’ordre plus religieux.  N’est ce pas un reste de sentiment nicomédiste en 1576 qui inspire encore les Consuls de Monflanquin comme ceux de Ste Foy, Clairac - au total treize juridictions - qui se disent "de la religion réformée et catholique unies" et veulent accéder aux États Provinciaux d’Agenais en élisant une personne de "leur unyon et religion" (6).

Ces particularismes peuvent-ils expliquer les déplacements du roi de Navarre soucieux de garder le contact et d’infléchir les dispositions d’esprit.

 

Le mouvement est un besoin permanent chez Henri IV. De 1577 à 1587, il visite près de cent quatre vingt trois cités d’Agen à Bergerac en passant par La Rochelle et Montauban. En avril 1577, il visite treize villes.... en mars 1582, quatorze... en avril 1583, seize (7).

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Où qu’il soit, Henry ne peut s’empêcher d’être en mouvement, à cheval, comme si cela était une nécessité vitale pour lui : Henri de Navarre est avant tout un homme de mouvement. Si beaucoup de gentilshommes, à cette époque, se livrent au plaisir des promenades à cheval, la grande originalité d’Henri est d’avoir su lier mouvement et vitesse contrairement aux " hommes du XVI° siècle qui semblent résignés à toutes les lenteurs ".... A une époque où le temps n’a qu’une valeur toute relative, Henri semble mener au contraire une course contre la montre.

Outre ce plaisir personnel aux déplacements rapides Henri de Navarre en fait un moyen d’ordre politique.

En effet, de retour dans le Sud-Ouest, Henri trouve un pays ravagé par les guerres de religion. La Guyenne présente un spectacle lamentable : depuis des années la guerre sévit presque sans interruption, près de quatre mille maisons ont été incendiées et les habitants ont une situation peu enviable.

Gouverneur de Guyenne , le roi de Navarre se doit de restaurer la paix dans la province et d’imposer son autorité sur la population et la noblesse. Il se livre donc à de véritables " tournées " dans ses terres.

Enfourchant son cheval, il devient un homme de terrain. Le temps d’un repas ou d’une courte halte, il se met à l’écoute des doléances des habitants et s’enquiert de leurs problèmes (7). Par ces fréquents contacts avec la population, il impose un pouvoir personnel fondé sur sa présence physique : s’intéressant aux préoccupations quotidiennes de la population, il reçoit en retour le respect de cette dernière et accroît son autorité sur elle.

Se montrer de la sorte sur l’ensemble d’un territoire très étendu lui permet également d’imposer son autorité sur ses compagnons huguenots. Homme de communication, jouant de son charme, il fait de nombreuses visites à ses amis, à la fois marque d’estime et moyen de rallier à sa cause des partisans tièdes ou de les remotiver.

Cette pratique amène forcément Henri IV à se déplacer dans l’Agenais et le Haut Agenais. C’est ainsi qu’il rend visite entre 1577 et 1585 aux villes d’Agen, Villeneuve, Monflanquin, Villeréal… pour ne citer qu’elles.(7)

L’ensemble des documents laisse en effet apparaître que pendant cette période Henri IV est à créditer, au total, de :

23 nuits et 38 repas à Agen,
6 nuits et 8 repas à Monflanquin de même qu’à Villeneuve,
1 repas à Villeréal. (8)

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Plus précisément, les carnets d’intendance (9) révèlent par exemple pour le mois de juillet "1585, 32° de l’âge" :
le 1° juillet nuit à Lectoure,
le 2 à Nérac, le 3 à Tonneins,
du 4 au 8 à Nérac….
Du 9 au 15 à Lectoure,
le 16 à Durance,
le 17 à Casteljaloux,
le 18 à Tonneins,
le 19 à Madaillan,
du 20 au 27 à Bergerac,
le 28 dîne à Villeréal et couche à Monflanquin,
le 29 à Tournon,
le 30 à Cazes,
le 31 à Montauban…. "
 
Au mois de novembre Henri repasse dans la région : " 1585, 32° de l’âge,
le 1° novembre à Lectoure,
du 2 au 6 à Nérac,
du 7 au 10 à Mas d’Agenais,
le 11 à Tonneins,
le 12 à Clairac,
le 13 à Castelmoron,
le 14 couche à Monflanquin,
le 15 dîne à Monflanquin et couche à Monpazier qu’il quitte le 22 pour se rendre à Figeac,
du 24 au 30 à Bergerac…. "

Le courrier expédié pendant ces déplacements ne ralentit pas un instant et donne l’image d’un homme dont l’esprit ne se détourne pas un instant des problèmes du Royaume où la mort du Duc d’Alençon a fait de lui l’héritier présomptif de la couronne. Ce qui a amené la ligue à réagir aussitôt et à pousser le roi Henri III à signer le 7 juillet 1585 le traité de Nemours qui va amener à la huitième guerre de religion.

Il ne perd pas de vue non plus les affaires extérieures : le Vatican où le pape Sixte Quint le menace d’excommunication, les Espagnols dont il se plaint " Je travaille plus qu’il n’est croyable à préparer les sauces à mes ennemis, que je m’assure qu’ils ne s’en lècheront pas les lippes "… ( 4)

*         *

*

Il s’avère donc que la tradition orale est confirmée par les documents contemporains de l’événement : Henri de Navarre est passé à Monflanquin. Plus précisément en l’année 1585, d’ailleurs exemplaire du rythme que s’imposait le futur roi pour garder le contact avec le terrain et ses sujets, exemplaire également de la brièveté de ses séjours en un même lieu.

Autre conclusion intéressante et plus générale : l’histoire écrite, ici,  rejoint  et confirme l’histoire orale. Laquelle a même incité, de par son affirmation, à poser le problème. Ce qui n’est pas négligeable et invite à reprendre la même démarche à propos de la présence à Monflanquin de : Édouard I°…. le Prince Noir… Sully.

Odo Georges

 

Bibliographie

1 – Carré Henri "  Sully " - éd. Payot 1980

2 – Samazeuil J.F. " Histoire de l’Agenais " - Auch 1846

3 – Fonda J. " Séjours et itinéraires de Henri de Navarre en Gascogne " – R.A. 1968 n° 4

4 – Odo G. " Les Protestants de Monflanquin sous l’ancien régime " - SLA n° spé 1998

5 – Archives d’Agen " - E splt 3511 "

6 – Melle Bourrachot : Intervention à la Société Académique d’Agen

7 --Tachouzin P. " Henri de Navarre à Nérac " - Toulouse 1989

8 – Clémens J . " Henri IV et le Lot "et Garonne " - R.A. 1990 n° 2

9 – Berger de Xivrey " Recueil des lettres missives de Henri IV " - (BN) Paris 1872

1 – Carré Henri "  Sully " - éd. Payot 1980

2 – Samazeuil J.F. " Histoire de l’Agenais " - Auch 1846

3 – Fonda J. " Séjours et itinéraires de Henri de Navarre en Gascogne " – R.A. 1968 n° 4

4 – Odo G. " Les Protestants de Monflanquin sous l’ancien régime " - SLA n° spé 1998

5 – Archives d’Agen " - E splt 3511 "

6 – Melle Bourrachot : Intervention à la Société Académique d’Agen

7 --Tachouzin P. " Henri de Navarre à Nérac " - Toulouse 1989

8 – Clémens J . " Henri IV et le Lot "et Garonne " - R.A. 1990 n° 2

9 – Berger de Xivrey " Recueil des lettres missives de Henri IV " - (BN) Paris 1872

1 – Carré Henri "  Sully " - éd. Payot 1980

2 – Samazeuil J.F. " Histoire de l’Agenais " - Auch 1846

3 – Fonda J. " Séjours et itinéraires de Henri de Navarre en Gascogne " – R.A. 1968 n° 4

4 – Odo G. " Les Protestants de Monflanquin sous l’ancien régime " - SLA n° spé 1998

5 – Archives d’Agen " - E splt 3511 "

6 – Melle Bourrachot : Intervention à la Société Académique d’Agen

7 --Tachouzin P. " Henri de Navarre à Nérac " - Toulouse 1989

8 – Clémens J . " Henri IV et le Lot "et Garonne " - R.A. 1990 n° 2

9 – Berger de Xivrey " Recueil des lettres missives de Henri IV " - (BN) Paris 1872