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Les débuts du  protestantisme

à Monflanquin

1518 - 1560..

                                 
A-1518 - 1560
1 - La première génération en Agenais
2 - La première génération à Monflanquin 
3 - Durcissement de la Monarchie
4 - Rôle des Augustins
5 - Rôle des régents
6 - Rôle des Consuls
7 - La seconde Génération à Monflanquin
8 - Les tensions vers 1559 - 1560
 
B - 1560 - 1601
C - Protestants aux XVII° et XVIII° 
 
 
L'un des grands moments de l'Histoire de la pensée en Europe est, sans conteste, l'apparition du protestantisme sous ses différentes formes.. .
 
Monflanquin a été pris dans le mouvement général très tôt.  Tant sous FRANÇOIS Ier (1515-1547) que HENRY II (I547-I559) s'y est développée, comme dans tout l'Agenais, l'implantation des huguenots.
 
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dans
l'Agenais
           
Le malaise existant au début du XVII au sein du   clergé et de bon nombre de fidèles, ainsi. que le mouvement intellectuel de la Renaissance, stimulent les esprits et les amènent y s'ouvrir à des lectures nouvelles en matière de Bible. l'Agenais n'échappe pas à la règle.
Dès 1518, alors que le règne de François Ier débute, le Frère Thomas ILLYRICUS, ermite de l'ordre des Cordeliers, parcourt le ays sur sa mule. Ses sermons contre les mœurs. dissolues et la pratique du jeu remportent un grand succès populaire. A la même époque Guillaume FAREL prêche en Guyenne.
 
En I530, Gérard ROUSSEL est pourvu de l'Abbaye de Clairac grâce à la sollicitude de Marguerite d'ANGOULÊME.  Clairac devient la première capitale de la Réforme Agenaise, bientôt supplantée par Nérac sous l'impulsion de la même Marguerite d'Angoulême, reine de Navarre. Nombreux sont ceux qu'y y trouvent refuge : LEFEVRE D'ETAPLES, CALVIN, Clément MAROT...
 
Si l'on ajoute l'apport des évêques d'Agen venus d'Italie et leur suite, dont SCALIGER,  on comprend que la région soit devenue un centre intellectuel important : Humanisme .et Réforme sont associés, les :livres imprimés à Agen en assurent la diffusion.
  
à
 
En 1538, l'enquête menée à Agen par l'inquisiteur dominicain Louis de ROCHETTE révèle qu'à cette date les idées de la Réforme sont répandues : Agen, Tonneins, Clairac, Gontaud, Nérac, Villeneuve, Monflanquin.
 
Plus précisément, en ce qui concerne Monflanquin, le I8° jour d'Avril de la dite année 1538 :
 
L'Inquisiteur reçoit la déposition de Noble Arnauld de PORT ES qui "dit qu'il peut y avoir environ trois ou quatre ans que le révélant étant en la maison de Jehan de FILHOL de la présente ville, en la compagnie de Anthomé BISTORTE, dit PINOT, du lieu de Monflanquin... lequel BISTORTE avait maintenu qu'il n'y avait point de purgatoire" (I).
 
Autre cas, révélé par l'enquête de 1538 : SEVIN - titulaire du bénéfice du prieuré de Corconat et frère du juge-mage d'Agen – a, comme tant d'autres, favorisé dans le Monflanquinois la venue de Régents .(2).
 
La juridiction de Monflanquin est donc touchée de façon précoce par le mouvement protestant. La famille SEVIN représente une couche sociale riche et puissante. La bourgeoisie de Monflanquin est partie prenante, avec ses ramifications familiales dans la région.
 
Il faut croire que l'élan du protestantisme est important puisque l'inquisiteur de ROCHETTE gagné aux idées combattues sera rappelé à Toulouse, jugé, exécuté.
 
 
de la
Monarchie
 
Dès l'Edit de Paris, en 1549, 1e Roi HENRI II qui vient de succéder à FRANCOIS Ier, prend contre les Réformés de sévères mesures, sans obtenir de grands résultats.
 
Ainsi, en 1551, un avocat de Monflanquin M° Pierre du THILH est arrêté par ordre du procureur général en vertu de la dénonciation portée contre lui par deux habitants de cette ville qu'il affirmait être "ses ennemis mortels". Trois sortes de crimes lui étaient imputés : hérésie, congrégation illicite avec port d'armes et homicide sur la personne du recteur de Montgaillard  On ne cornait pas 1'issue du procès. (3).
 
Par contre, ont sait avec précision le sort réservé à Jean MALHOR, autre accusé de Monflanquin, qui sera banni après avoir eu la langue percée par un fer rouge. (4).
 
Mais 1e cas le mieux connu, et le plus révélateur, du processus en cours est celui da Frère Augustin Guillaume PIERRE.
 
 
des
Augustins

Le 26 Avril 1553, le Parlement de Bordeaux rend un arrêt contre deux religieux de l'Ordre St Augustin qui ont prêché, l'année précédente, à Villeneuve et Monflanquin: "il est enjoint aux Consuls et Officiers de Villeneuve et Monflanquin de faire prendre et constituer prisonnier chacun" (5).

 
Un second arrêt, en date du 8 Mai 1553, porte .requête contre les Consuls de Villeneuve Arnault de MOTHES et Jehan CAYSSES ... " à faute de présenter Frère Guillaume PIERRE, religieux de l'Ordre St Augustin du .couvent de Monflanquin ayant prêché à Villeneuve quelques propositions hérétiques et scandaleuses contre la foi catholique..." Les Consuls de Monflanquin étant élargis que quelques jours plus tard dès le 8 Juin. (6).
 
Le 20 Avril 1554, Frère Guillaume PIERRE ayant été condamné à la dégradation le Parlement prononce l'arrêt suivant : "la dite dégradation sera faite devant l'église St André de Bordeaux dimanche prochain entre six et sept heures " (7).
 
L'action de ce moine appartenant à l'ordre des Augustins est à rapprocher de celle des Augustins de Paris, Montoire et, plus proche, Agen tout aussi engagés dans la Réforme, tel le Frère Marc RICARD prieur du couvent des Augustins emprisonné quelques années plus tôt. Les thèses du Frère Augustin LUTHER n'étaient pas restées sans échos...
 
 
Rôle
des
 
D'autres prédicateurs que les Augustins ont eu une action profitable au mouvement : les régents qui, à l'appel de famille comme les SEVIN, se sont répandus dans l'Agenais :
 
Jean CARVIN à Villeneuve,
 
André MELANCHTON ( neveu du célèbre Philippe MELANCHTON ) à Tonneins,
 
Gérard ROUSSEL et le Bénédictin AYMERIC à CLAIRAC,
 
Jérôme CAZABONNE à Monflanquin. Jérôme CAZABONNE ce Béarnais que Théodore de BÈZE appelle "un savart personnage" (9) . Régent quelque temps à Monflanquin, avant d'être pédagogue de plusieurs enfants de bonne maison, CAZABONNE contredit en 1555 un moine de Périgueux qui prêche le carême à Monflanquin. Le moine le dénonce au juge - le nommé FAURE - qui aussitôt fait arrêter CAZABONNE dans 1a maison de PALOQUE. Le lendemain, assisté des Consuls de la ville, il I'interroge sur le purgatoire, la salutation angélique, les images, les sacrements, sur une Confrérie "Notre Dame" qu'ils appellent "du Chapelet" introduite par les Augustins, sur la messe, l'abstinence des viandes...
 
Pendant une audience, un vicaire de Notre Dame passe portant le viatique, l'accusé refuse de s'agenouiller, niant la présence réelle... Le Consul Antoine BAILE doit le traduire à Bordeaux sous peine d°amende (10)
 
Pourtant, le Consul le garde perdant deux mois et lui donne toutes facilités pour s'échapper. De même le chef de l'escorte, chargé de l'amener à Bordeaux lui offre à plusieurs reprises la possibilité de s'évader. Toutes choses qui confirment la prise de position des représentants de Monflanquin en faveur de l'Église Réformée. Mais il refuse chaque fois disant qu'il se sent appelé de Dieu pour maintenir et affirmer la vérité jusqu'à la mort (II).
 
Mis à la question, à Bordeaux, il ne dénonce. personne. Il. refuse de demander pardon aux Saints. Le Parlement le condamne aux supplices de la claie et du bûcher. Condamnation prononcée le 14 Mai 1555 et exécution opérée le jour même. ( I2).
 
Jérôme CAZABONNE est traîné sur une claie jusqu'à la porte de l'Eglise St André où il doit faire amende honorable. Ramené devant le Palais il y est brûlé vif. Le bourreau Guichard d'EYMIER reçoit dix livres pour cette exécution; greffiers, huissiers et trompettes qui l'assistent plus de cent sols tournois. ,
 
Comme partout en France, et incidemment dans l'Agenais en raison de la proximité de Nérac, l'influence d'une génération de régents et de professeurs propagandistes des idées réformistes se fait donc sentir à Monflanquin. Comme partout ailleurs le Parlement de Bordeaux veille, prenant le relais des juridictions locales jugées trop favorables.
 
Rôle
des
 
Le 8 Avril 1555, le Roi HENRY II, en son conseil à Paris, ordonne aux huguenots de Monflanquin de s'abstenir à l'avenir de se réunir.
 
C'est la réponse faite par HENRY II au rapport que lui a adressé Pantaléon de FAURE, assesseur criminel. de Monflanquin, signalant "plusieurs habitants de ladite ville, memement Maître Anthoine de PERSY, Maître Jehan GIROU, Anthoine CHAVIT, Jehan PELARD, Pierre PELLETIER, un nommé ordinairement COLOMB, Jehan CHASSAGNOL, François SARRAU et plusieurs autres faisaient assemblée en la présente ville prétexte de religion prétendue réformée contre les édits et, ordonnances du Roy... et que s'étant transporté, dans leur dite assemblée qu'ils tenaient, en le logis dudit Maître Anthoine de PERSY il aurait remontré aux dits Huguenots qu'ils faisaient mal... lesquels parlant par l'organe dudit Jehan TERRASSE qui faisait le ministre, auraient répondu qu'ils prient Dieu comme il apparaît convenable à eux. S'étant transporté en la maison de ville il aurait requis les sieurs Consuls pour faire exécuter la loi et que le Sieur de LABANYE - autrement dit Jean de PALLOQUEQUE - lui aurait répondu qu'il n'était pas possible d'empêcher telles assemblées attendu qu'ils étaient les plus nombreux et les plus forts..." (I3).
 
La bourgeoisie, la noblesse, le pouvoir local - surtout les consuls - participent du mouvement. Il n'est pas jusqu'à Pantaléon de FAURE qui ne s'en approche - lui le zélé catholique - en mariant sa fille Anne quelques années plus tard à Henry de PERSY, sieur de Mondésir, l'un des plis dévoués protestants de Monflanquin.
 
Déjà cependant, comme en d'autres lieux de France, sont à signaler les premiers départs vers le refuge Suisse : CONTENSON bourgeois de Monflanquin reçu habitant de Genève en 1555, ARQUIERBASTIER Estienne de Monflanquin reçu habitant de Genève le 7 Juin 1557.(14.).
 
X                      X
X
 
à
Monflanquin
 
Le 10 Juillet 1559 blessé grièvement au cours d'un tournoi. HENRY II meurt et laisse quatre fils en bas âge. Le dauphin FRANÇOIS II n'a que 15 ans. Légalement majeur il est en fait incapable de gouverner tout seul et il donne sa confiance aux GUISE, parents de Marie STUART sa femme; ce sont des catholiques intransigeants.
 
Les conditions d'un affrontement se précisent entre catholiques et protestants d'autant plus qu'une nouvel-le génération se présente dans les rangs de l'Église Réformée, jeune et enthousiaste, prête à répondre à la violence par la provocation. (I5).
 
Le 31 Janvier 1560, dans une lettre adressée à BURIE - Lieutenant Général en Guyenne  - deux Consuls de Monflanquin, Antoine LAFAGE et Antoine BAILE , jurent au nom de leur ville obéissance et dévouement au Roi mais, en même temps, avouent qu'il est "bien vrai que plusieurs des habitants d'icelle ville et juridiction se sont assemblés, sans être autrement armés, dans des maisons et un Temple de ladite ville pour ouïre prêcher ..." (16)
 
Le mouvement est assez ample pour que le synode de Clairac, en cette même année de 1560, établisse la province de Guyenne, divisée en sept colloques. Celui d'Agenais deçà Garonne est le plus important avec vingt et une églises dont celle de Monflanquin, où une forte partie de la population est dorénavant acquise à la Réforme.
 
En Mars 1560, la conspiration d'Amboise, organisée par RENAUDIE, échoue. La répression est immédiate mais volontairement limitée. La Reine Mère espère pouvoir trouver un équilibre entre les deux groupes antagonistes, la nomination comme Chancelier de Michel L’HOPTAl, confirme cet espoir. Dans cet esprit l'Edit de ROMORANTIN, au mois de Mai, sépare les religions et les affaires de l’État.
 
Le rapport de Pantaléon de FAURE, assesseur du Roi, rédigé en Octobre 1560 donne toutefois l'impression d'une progression de "l'hérésie" à Monflanquin. En effet selon 1a déposition des consuls, que Monsieur de FAURE enregistre "il y a un ministre en la présente ville, lequel ils ont souvent vu aller par les rues... Logé en la maison vulgairement appelée de la Brande dans icelle assemblée...". (17).
 
Progression due aux efforts des prédicateurs et des ministres qui, comme Monsieur DESPUYS à Monflanquin, "a fait plusieurs espousailles aux maisons privées et sans observer ni garder aucune solennité de l'esglise" ..... "et aussi a fait plusieurs baptisailles d’enfans contre les prohibitions des vicaires de leur esglize" …"quant meurt quelcun dicelle religion... ils ensevelissent sans sonner cloches ny sans présence de aucun prêtre... sans advertir les Vicaires".
 
Il est dit même, rapporte Pantaléon de FAURE, que "en 1a ville les hérétiques ont institué une justice... un sergent..., un exécuteur de justice".
 
;D'une façon plus générale, 1e rapport, adressé par les Consuls d’Agen à BURIE sur l'état de l'Agenais en 1560 laisse apparaître les tensions sous jacentes qu'espérait voir s'atténuer Catherine de MÉDICIS.
 
A Monflanquin même, le dernier trimestre 1560 est extrêmement tendu comme le signalent les Consuls de la ville : (I8)
- En Octobre, sont signalés cinq prêtres qui ont laissé leur état de prêtrise et ont pris un métier séculier. "L'un d'iceux s'est marié .... Aussi y ont été faits plusieurs baptêmes"... "Les Réformés menacent les Consuls et font prêcher publiquement dans l'Église ont fait .fustiger une personne".
 
.- Le 2 Novembre, "comme l'on sonnait les cloches de ladite Eglise le jour de Toussaint... un prêtre et autres qui sonnaient les dites cloches furent battus et jetés hors de l'Église " ,
 
- Le Ier Décembre, "par grande assemblée de personnes un religieux envoyé par l'évêque prêcher les Avents fut empêché et battu, ensemble les Consuls".
 
- Le 21 Décembre, "Les images d'une chapelle ont été rompues, brisées et mises en pièces, de nuit, par des personnes inconnues".
 
Le présent rapport, comme beaucoup d'autres, reste totalement muet sur les attitudes de la communauté catholique. Cependant il n'est qu'à lire les réactions du Parlement de Bordeaux pour comprendre qu'en ce siècle où la violence l'emporte sur l'amour de son prochain les catholiques sont peu enclins à faire une place à qui que ce soit: "Les grandes villes et autres lieux de ce ressort commencent grandement à s'éloigner de la parole de Dieu et de son Eglise... de l'avis du Parlement il faut agir sans faiblesse et sans retard afin d'éviter grande effusion de sang"    (19).
 
 
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vers
1559 - 1560
 
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Le 10 juillet 1559 blessé grièvement au cours d'un tournoi Henry II meurt et laisse quatre fils en bas âge. Le dauphin François II n'a que quinze ans, légalement majeur il est en fait incapable de gouverner tout seul et il donne sa confiance aux Guise, parents de Marie Stuart sa femme; ainsi des catholiques intransigeants sont au pouvoir.
 
La répression ne fait qu'accroître l'expansion du protestantisme. «La religion Réformée, dit Théodore de Bèze, commençait à prendre pied en Agenais, bien qu'en la ville d'Agen il n'y eut encore aucun ministre, ni église dressée.» 
  
Les protestants ne forment cependant majorité que dans quelques villes telles Ste Foy la Grande, Tonneins, Gontaud, Nérac, Laparade, Clairac, Tournon, Monflanquin. (2). De plus, minoritaires ou majoritaires, ils sont «bien disciplinés, audacieux, discrets, en face de la population catholique mal organisée, exposée aux surprises et aux trahisons». Cette organisation est due, en grande partie, à Calvin dont les efforts aboutissent au mois de mai 1559 à la tenue du synode de Paris qui rédige une Confession de foi et une Discipline de l'église Réformée.
 
 Les conditions d'un affrontement se précisent entre catholiques et protestants d'autant plus qu'une nouvelle génération se présente dans les rangs de l'Eglise Réformée, jeune et enthousiaste, prête à répondre à la violence par la provocation. (13)
 
Le 31 janvier 1560, dans une lettre adressée à Burie, Lieutenant Général en Guyenne, deux consuls de Monflanquin, Anthoine Lafage et Anthoine Baile, jurent au nom de leur ville obéissance et dévouement au Roy mais en même temps avouent que    «il est  bien vrai que plusieurs des habitants d'icelle ville et juridiction se sont assemblés, sans être autrement armés, dans des maisons et un temple de ladite ville pour ouïr prêcher» (9)
 
Le mouvement est assez ample pour que le synode de Clairac, en cette même année de 1560 établisse la province de Guyenne divisée en sept colloques. Celui d'Agenais en deçà Garonne est le plus important avec vingt et une églises s'étendant d'est en ouest, de Castelsagrat à Marmande, et au nord jusqu'à Monflanquin où une forte partie de la population est dorénavant acquise à la Réforme.
 
Le protestantisme agenais est ainsi fortement charpenté. Il se recrute surtout parmi les bourgeois, les artisans, les régents … Avec le début des guerres de religion le protestantisme se transformera en parti, puis en armée, et la lutte prendra une orientation nouvelle.
 
En mars 1560 la conspiration d'Amboise, organisée par Renaudie, échoue. La répression est immédiate mais volontairement limitée. La Reine mère espère pouvoir trouver un équilibre entre les deux groupes antagonistes, la nomination comme Chancelier de Michel de L'Hopital confirme cet espoir. Dans cet esprit, également, l'Edit de Romorantin au mois de mai 1560 sépare les religions et les affaires de l'Etat.
 Un nouveau rapport de Pantaléon de Faure, assesseur du Roi, rédigé en octobre 1560 donne toutefois l'impression d'une progression de "l'hérésie" à Monflanquin. Progression due aux efforts des prédicateurs et des ministres qui comme Monsieur Despuys à Monflanquin «a fait plusieurs espousailles aux maisons privées et sans observer ni garder aucune solennité de l'esglise … et aussi a fait plusieurs baptisailles d'enfans contre les prohibitions des vicaires de leur esglize…" …. "Quand mort quelcun dicelle religion …l' ensevelissent sans sonner cloches ny sans présence de aucun prêtre … sans advertir les vicaires …»
 
Il est même dit, rapporte Pantaléon de Faure, que « en ville les hérétiques ont institué une justice … un sergent … un exécuteur de justice.»
 
D'une façon plus générale, le rapport adressé par les consuls d'Agen à Burie sur l'état de l'Agenais en 1560 laisse apparaître de façon sous jacente les tensions qu'espérait voir s'atténuer Catherine de Médicis.
 
A Monflanquin même le dernier trimestre 1560 est extrêmement tendu, comme le signalent les consuls de la ville (14) :
 
- Octobre 1560, sont signalés cinq prêtres qui ont laissé leur état de prêtrise et ont pris un métier séculier …  «L'un d'iceux s'est marié …. Aussi ont   été faits des baptêmes» … «Les Réformés menacent les consuls et font prêcher publiquement dans l'église» … «ont fait fustiger une personne.»
 
- Novembre 1560, le 2 plus précisément, « comme l'on sonnait les cloches de ladite   esglize le jour de Toussaint … un prêtre et autres qui sonnaient les dites cloches furent battus et jetés hors de l'esglize .»   
 
- Décembre 1560, le 1 du mois, «par grande assemblée de personnes un religieux envoyé  par l'évêque prêcher les Avents fut empêché et battu, ensemble les consuls»…. Le 21 du même mois «Les images d'une chapelle ont été rompues, brisées et mises en pièces, de nuit, par des personnes inconnues.» … «Un prescheur, preschant audit Monflanquin a proféré plusieurs paroles contre les consécrations de l’esglise».
 
Le présent rapport, comme beaucoup d'autres, reste totalement muet sur les attitudes de la communauté catholique. Cependant il n'est qu'à lire les réactions du Parlement de Bordeaux pour comprendre qu'en ce siècle où la violence l'emporte sur l'amour de son prochain les catholiques sont peu enclins à faire une place à qui que ce soit : «Les grandes villes … et autres lieux de ce ressort commencent grandement à s'éloigner de la parole de Dieu et de son église … De l'avis du Parlement il faut agir sans faiblesse et sans retard afin d'éviter grande effusion de sang.» (15)
 
Le 5 décembre 1560 François II meurt et son jeune frère Charles lui succède, alors qu'il est encore mineur. La Reine Marie de Médicis  assure la régence avec l'aide de Michel de L'Hopital.
 
La régente espère toujours éviter l'affrontement alors que sur le terrain les tensions continuent à monter.
 
C’est dans ce contexte que les consuls de Monflanquin se déplacent à Agen le 31 janvier 1561 pour se présenter devant Burie pour lui dire : «Nous certifions que lad. Ville et plusieurs d’icelles de lad. Juridiction et nous aussi sommes très humbles et très obéyssants du Roy».
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Georges ODO
 
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- 1  Odo g.   "Les débuts du protestantisme à Monflanquin au XVI° " - SLA 313   1991
-  2  Musée d'Agen "Histoire du Protestantisme agenais" - Agen 1965
-  3  Magot abbé « les temples protestants de Monflanquin » - R. A. 1913
-  4 Revue de l'Agenais XVI 2° série
-  5 Archives départementales d'Agen série B 45
-  6 Durengues Abbé "Anciens établissements religieux de Monflanquin" - R. A. 1922
-  7 Samazeuilh j.e." Histoire de l'Agenais" T. 2 p. - Auch 1847
-  8 Perotin Y. "Les anciens couvents d'Augustins d'Agen : Monflanquin" - R.A. 1956
-  9 Archives départementales d'Agen 18 J 24
-10 Revue de l'Agenais XXIX  2° série p. 522
-11 Revue de l'Agenais 1902 p.522
-12 Revue de l'Agenais 1966 p. 348
-13 Garrisson j. " Protestants du Midi 1559-1598" - Privat 1980
-14 Archives Nationales Paris : fonds français vol. 15.871 p. 119
-15 "Histoire de l'Agenais" - Agen 1941
-16 Odo g. « Débuts du protestantisme à Monflanquin » - SLA 1991 n° 313
-16b Odo g. " Les guerres de religion à Monflanquin, 1561-1598" -SLA  n° 390-391 1998
-17 Quintard a. « Monsempron-Libos, de la légende à l’Histoire » - 1989
-18 Odo g. « Monflanquin en 1562-1569 : Monluc-Thoiras » - SLA  n°330-331  1993
-19 Boudon de St Amans j.f. « Histoire du Lot et Garonne » - Agen 1836
-20 Miquel p. " Les guerres de religion" - Marabout 1980
-21 Lauzun  ph. « le château de Cauzac » R.A. 1896 p. 386
-22 Massip l. « Cancon en Agenais » - 1891
-23 Archives départementales d’Agen « E   3511 »
-24 Odo g. « Jurade de Monflanquin, fin XVI° - début XVII° » SLA 1997
-25 Livet g. « les guerres de Religion » - PUF 1983
-26 Fonda j. « Séjours et itinéraires de Henri IV » - R.A. 1968
-27 Cottret b. « 1598 l’édit de Nantes » - Perrin 1997
-27b de Bellecombe A. « Aide-Mémoire pour servir l’histoire de l’Agenais » Auch 1899
-28 Renouard a. « Histoire Universelle  de d’Aubigné a.» - T. VII - 1886.1909
-29 « Documents inédits sur l’Histoire de France » T. II - BN
-30 Cassany-Mazet a. « arrondissement de Villeneuve sur Lot » - Agen 1839
-31 Archives d’Agen « registre des réceptions de la Sénéchaussée » B 02   f° 80
-32 Cottret b. "1598, l'Edit de Nantes" - Perrin 1997
-33 Odo g. « La notice historique de 1841 » - SLA 1995   n°360 
-34 Odo g.. « Monflanquin bastide du XIII° siècle » - SLA 1994   n° spécial
-35 Odo g. « Claude Sarrau de Boinet » - SLA 1988   n° 271/272
-36 Odo g. « Monflanquin bastide du XIII° siècle » - SLA 1994   n° spécial
-37 Odo g. « Les remparts, fonctions de la bastide » - SLA 1987  n° 257/259
-38 Archives départementales d’Agen « H. 3 »
-39 Revue de l’Agenais 1982
-40 Odo g." Extraits des registres de la jurade 1635-1641" -SLA 1983/85  n°218 à 232
-40b Odo g. " Extraits des registres de la jurade 1654-1687" -SLA 1996   n° 344-345
-41 Odo g. " Notes sur le Temple " – SLA n° 267-268  1988
-41b Cassany-Mazet « Annales de Villeneuve sur Lot » - Agen 1846
-42 Durengues abbé « Monographie des paroisses du Lot et Garonne » A.A. - 18 J 24
-43 Revue de l’Agenais 1987
-44 Archives départementales d’Agen
-45 Odo g. « La révocation de l'Edit de Nantes » SLA 1985    n° 233 à 241  
-46 Vernejoul p. « Livre de Raison » - Archives familiales Vernejoul
-47 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français 1857 -  Robin p. 90
-48 Douen « Les premiers pasteurs du Désert » - BSHP  n° 7822
-49 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français 1884 p.10
-49b Tournier g. « les galériens protestants- XVII° et XVIII° » -Presses Languedoc 1984
-50 Martin cl. « Réfugiés et galériens Protestants » - BSHP 1966 p. 356
-51 Archives familiales de Védrines
-52 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français 1916  p. 152
-53 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français 1927  p. 238
-54 Archives départementales d’Agen G/H 362
-55 Archives départementales d’Agen 11  362
-56 Archives départementales d’Agen 1 PL 393
-57 Lagarde a. « Chronique des églises réformées de l’Agenais »
-58 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français : m.s. 351
-59 Hornus m. « Synode inédit de Périgord-Agenais, 1771 » - R.A. 1963
-60 Hugues e. – 1886 T. II
-61 Méjean f. – Paris 1947
-62 Krumenacher Y. « Les registres de l’Edit de Tolérance » - BSHP  1988
-63 Richard m. « des Protestants sous l’Ancien Régime »- Hachette 1985
-64 Archives départementales d’Agen  B 1404/1404 bis
-65 Odo G.  « Les mariés de 1789 à Monflanquin » - SLA   n°289-292  1989
 
   
·         AA      Archives Départementales d’Agen
·         BN       Bibliothèque Nationale
·         BSHP  Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français
·         RA.     Revue de l’Agenais
·         SLA    « Sous les Arcades » Revue de la MJC de Monflanquin
·    Samazeuilh J.F. "Histoire de l'Agenais, Condomois et Bazadais" 2 T., Auch 1846-47