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MONFLANQUIN     1562 - 1569
 
 
  MONLUC - THOIRAS
 
 
 
MONFLANQUIN, à partir de 1562, subit les guerres de Religion qui secouent tout le royaume de FRANCE. Période difficile s'il en est, tant les passions se déchaînent et les principes s'estompent pour laisser place à la fureur, à la tuerie.. .
 
Chaque camp peut faire valoir les actes coupables de l'adversaire, et les responsabilités sont tellement enchevêtrées qu'on ne sait plus qui a commencé et où ?
 
Quoiqu'il en soit, dans l'AGENAIS, le catholique MONLUC * va se distinguer par son triste comportement, il suffit de lire ses Mémoires (I) pour en être convaincu. Mais la tradition orale monflanquinoise a surtout gardé le souvenir du passage de son adversaire protestant THOIRAS, pour s'en être pris cruellement aux Augustins.
 
Blaise de Monluc, sire de Massencôme, farouche . partisan des catholiques. (B.N.)
*                *
*
 
MONLUC* en Agenais : début 1562
 
" Arriva à Saint Germain en Lay la nouvelle - décembre 1561 - que les Huguenots s'étaient soulevés à MARMANDE et avaient tué les religieux de St François, brûlé le monastère;tout à coup d'autres nouvelles du massacre que les catholiques avaient fait à CAHORS sur les huguenots et celui de GRENADE  près de TOULOUSE. Puis après arriva la nouvelle de la mort de Monsieur de FUMEL qui fut massacré fort cruellement par ses propres sujets, qui étaient huguenots (474). 
 
Cela donna plus de travail à l'esprit de la reine - Catherine de MEDICIS - que tout le demeurant... on demeura deux jours sans se pouvoir résoudre par quel bout on pourrait commencer à éteindre ce feu A la fin ils se résolurent de m'envoyer en GUYENNE avec patente et permis­sion de lever des gens à pied et à cheval pour courir sus aux uns et aux autres qui prendraient les armes (475)."            
                                    
  " Or je trouvais Monsieur de BURIE à BORDEAUX ‑ 27 Décembre 1561 et lui baillais la patente. Toute la ville était bandée les uns contre les autres, et le Parlement aussi, parce que les huguenots voulaient que l'on prêchât ouvertement dedans, disant que par le synode de POISSY cela leur était permis, et les catholiques affirmant le contraire (478). "
 
" Alors que j'étais installé à ESTILLAC; la reine trouva étrange que je demeure en ma maison sans rien faire; elle me sollicita de prendre les armes (480)... Je sollicitais Monsieur de BURIE de venir promptement et, puisque les commissaires ne venaient point, nous prendrions des conseillers d'AGEN... Je lui - BURIE - écrivais qu'il regardât bien la patente et que là il trouverait que la reine nous recommandait d'aller à FUMEL (483) ".
 
" Nous nous rendîmes le lundi - 2 Mars 1562 - à VILLENEUVE où Monsieur de SAINCT-ORENS nous amena cinq capitaines avec deux autres que des gentilshommes avaient pris dans SAINTE -  LIVRADE, lesquels je fis pendre le mardi sans languir. Ce qui commença à mettre une grande peur et frayeur parmi eux, disant " Comment ? il nous fait mourir sans nous faire aucun procès ? ".
 
" Partant dudit VILLENEUVE nous allâmes à FUMEL* - 6 Mars 1562 - où nous trouvâmes que Madame de FUMEL, Monsieur de CANCON, son frère et autres gentilshommes, parents de la maison s'étaient mis aux champs (487)... Nous avons fait faire les procès à quinze ou seize qui hier et aujourd'hui - II Mars 1562 - ont été défaits ". [* à FUMEL, MONLUC fait périr environ trente 'émeutiers, raser plusieurs maisons, abattre les cloches de l'église, démanteler les remparts et impose une lourde contribution. ( 2 ) , I1 y a parmi les émeutiers un Monflanquinois.]  
 
" Et de là nous nous en allâmes à CAHORS * nous trouvâmes - 13 Mars 1562 - ces vénérables seigneurs COMPAIN et GIRARD qui étaient déjà bien avant à faire le procès aux catholiques (492). Je lui ‑ COMPAIN – dit !' Oh méchant paillard‑, traître à ton roi, tu veux ruiner une ville qui est au roi pour le profit d'un particulier ! Si ce n'était la présence de Monsieur de BURIE qui est ici lieutenant du roi, je te pen­drais toi et tes compagnons aux fenêtres de cette y maison " sur quoi je tirais la moitié de mon   "épée et tous alors gagnèrent la porte et se mirent à fuir en criant...[* A CAHORS, MONLUC s'oppose violemment à la sentence rédigée contre les coupables catholiques.]  
 
" Nous nous acheminâmes à VILLEFRANCHE du ROUERGUE - 5 Avril - entendant de toute part que les huguenots s'assemblaient (496) J'appelais le sergent de Monsieur de SAINCT-ORENS et lui dit " Sergent va me faire venir le geolier " ce qu'il fit et auquel je dis " Baille lui ces prisonniers que tu tiens et vous sergent, prenez mes deux bourreaux et allez les faire prendre aux fenêtres de la maison de ville ".
 
" Nous nous acheminâmes droit à VILLENEUVE d'AGENAIS et trouvâmes le tout révolté**: Puis vînmes à un village nommé GALLAPIAN près de PORT SAINTE-MARIE que nous trouvâmes aussi révolté ". [** SAINTE-MARIE, VILLENEUVE, PENNE, MONFLANQUIN, LECTOURE, LA REOLE étaient tombées entre les mains des troupes huguenotes ( 3 ).]
 
" Je vins camper à LA FOTZ près d'AGEN (498)... toute la noblesse catholique d'AGENAIS s'était rendue auprès de moi... à murmurer les uns les autres que si je les abandonnais ils étaient perdus."
 
" Je suis contraint d'écrire toutes les particularités pour vous montrer si c'est à tort que le roi m'ait honoré de ce beau nom de Conservateur de la GUYENNE et s'il a été nécessaire d'y mettre la main à bon escient. que si j'eusse fait le doux, comme Monsieur de BURIE, nous étions perdus. Il leur promettait prou et je ne tenais rien, sachant bien que ce n'était que pour nous tromper et peu à peu être maîtres des places... "Bref, ces nouveaux venus nous vouloient donner la loi, et il n'y avait petit ministre qui ne fit le monsieur, comme s'il eut été un évêque. Voi­là les beaux commencements de cette belle religion et comme elle apprenait à vivre."(487).
 
MONLUC contre DURAS : été 1562  
 
Après un détour par AUCH, TOULOUSE, MONTAUBAN en Mai 1562, sa marche sur BORDEAUX en Juillet, MONLUC réapparaît en Agenais.
 
"Je descendis avec l'armée vers MARMANDE et TONNEINS. Tout le monde abandonnait les places qu'ils tenaient d'effroi, je n'y retrouvais que quelques catholiques. Et de là je marchais - 9 Août 1562 – à CLAIRAC et AIGUILLON (533).
"Monsieur de BURIE était arrivé - 17 Août - à PORT SAINTE MARIE nous y logeâmes puis nous allâmes avec peu de gens vers AGEN et trouvâmes que la ville était toute ruinée, car ces gens-là où ils passent laissent de tristes marques. [ MONLUC oublie de parler des représailles terribles auxquelles il se livra avec BURIE. ]
 
"Et là nous demeurâmes trois ou quatre jours. Monsieur de BURIE envoya à VILLENEUVE et à MONFLANQUIN ** trois compagnies de gendarmes, savoir la sienne, celle de Monsieur D'ARGENSE et de Monsieur de CARLUS lieutenant de Monsieur de LA VAUGUYON. Ils mandèrent à Monsieur de BURIE qu'il envoyat quatre ou cinq cents hommes à pied et qu'ils iraient combattre le Capitaine BOURDET qui venait de SAINTONGES avec trois cents chevaux (534). Cependant, comme je m'étais retiré à ESTILLAC pour donner quelques ordres à ma maison ayant su la mort de ma femme, Monsieur de BURIE resta à AGEN et BORDET passa, gagna MONTAUBAN où Monsieur de DURAS l'attendait. [** Les troupes huguenotes qui avaient pris d'assaut la Bastide de MONFLANQUIN en Avril s'en étaient retirées. ( 3 )]
 
"Après que je fus revenu à AGEN nous conclûmes que nous irions assaillir le château de PENNE car nous étaient arrivées les 3 compagnies espagnoles que dom Loys de CARBAJAC commandait. Nous assiégeâmes le château par la tête car par autre lieu Bous ne le pouvions battre; c'est une place forte d'assiette et de structure. Nous y tirâmes plus de 300 coups de canon (537)..."
 
"Nous faisions descendre les femmes par un degré de pierre; les Espagnols qui étaient dans la grand basse-cour, au-dessous du degré, les tuaient disant que c'étaient des luthériens déguisés"
 
"Nous baillâmes à quinze ou vingt soldats les prisonniers qui pouvaient être au nombre de quarante ou cinquante. Les Espagnols les vinrent ôter à ces soldats et les tuèrent tous. Il ne se trouvat point, d'environ trois cents hommes qu'ils étaient qu'il en échappât. Voilà le 24 Août la prise de PENNE qui n'était pas de petite importance."
 
A la poursuite des troupes huguenotes de DURAS, MONLUC et de BURIE passent à MOISSAC, CAUSSADE, MIRABEL; assiègent pour la seconde fois MONTAUBAN puis LECTOURE avant de remonter vers la DORDOGNE.
 
"Le mardi, la baron de CLERMONT me manda qu'il n'avait pu faire le lundi que deux lieues à cause du passage du LOT et qu'il s'acheminait tant qu'il pouvait droit à BELVES, là où je lui avais mandé qu'il prit son chemin (554). Et pour lui donner avantage le mardi matin ‑ 6 Octobre ‑ je ne fis que trois lieues jusqu'à MONTAGNAC près de MONFLANQUIN. Le mercredi deux heures avant le jour je fus à cheval et allais à BELVES où les compagnies des gens à pied commençaient à arriver... "
 
Le 9 Octobre 1562 DURAS est défait à VERGT et MONLUC revient à AGEN où conformément à ses ordres sur les gibets de la Porte du Pin se succèdent les cadavres; il y eut 500 exécutions depuis la reddition jusqu'à la paix d'AMBOISE, en sept semaines.
 
La paix selon MONLUC : 1563 - 1568
 
"Par l'espace de cinq ans ‑ homme de pied ni de cheval ne mangea dans toute la GUYENNE une poule tenant des champs. J'avais trois canons à AGEN et avec braverie et menaces je tenais tout le monde en crainte (581).
"Je fis poser les armes, même les armes à feu, et il n'y avait d'homme qui portât une arme, sinon les gentilshommes leurs épées et dagues. Je mis une si grande crainte par tout le pays que, pour deux soldats
catholiques que je fis pendre pour avoir transgressé l'édit, nul n'osa plus mettre la main aux armes. Les huguenots pensèrent échapper à bon marché et que je ne les punirai pas *; deux autres de leur religion transgressèrent l'édit, et soudain ils furent pendus pour faire compagnie aux autres. " [*Souci de brosser le _portrait d'un homme juste et de grande modération de la part de MONLUC qui pose pour la postérité. Cynisme ou inconscience chez cet homme qui sème en réalité la mort autour de lui ?]
 
"Et quand les deux religions virent que les uns et les autres ne pouvaient avoir d'assurance de moi s'ils transgressaient, ils commencèrent à s'entr'aimer et se fréquenter. Voilà comment j'entretins la paix l'espace de cinq ans en ce pays de GUYENNE entre les uns et les autres. "
 
" Qui gouvernera bien le Gascon peut être assuré qu'il aura fait un chef-d'oeuvre; car comme il est naturellement soldat, il est aussi glorieux et mutin. Toutefois, tantôt faisant le doux puis le colère, je des maniais si bien que tout ployait sous moi, sans que nul osa lever la tête. Bref le roi y était reconnu et la justice obéie.".
 
MONLUC contre PILES : 1569 
 
Ayant reçu l'ordre  de combattre PILES* - Mars 1569 - MONLUC rassemble ses forces.
 
"Monsieur de CHEMERAUT vit toutes les dépêches que je fis. Je fus avec les cinq compagnies qui étaient demeurées avec le chevalier mon fils et ma compagnie et quelques quarante ou cinquante gentilhommes qui suivaient ma cornette, en deux jours à MONFLANQUIN ( 660).""
 
Là  j'eus réponse de Messieurs de TERRIDE et de BELLEGARDE, écrites a MOISSAC, où ils m'avertissaient de la difficulté qu'ils avaient trouvé à passer les rivières ... et tout incontinent que je fus arrivé à MONFLANQUIN, qui devait être deux heures après‑midi - 6 Mars 1569 - je fis trois dépêches, l'une à Monsieur de LAUZUN le priant de me mander nuit et jour où se,trouverait Monsieur de PILLES et ses forces car je le voulais aller attaquer; j'en écrivis une à Monsieur de SAINCT‑ORENS qui était à MONSEGUR qu'il se rendit à moi au soleil levant en un village nommé MONBAHUS (66I) ".
 
"Après toutes ces dépêches, le matin, ayant fait repaître nos chevaux et les cinq enseignes je m'acheminais droit au village où j'avais assigné Monsieur de SAINCT ORENS. Et comme je fus là je ne trouvais aucune nouvelle de Monsieur de SAINCT ORENS ni de Monsieur de LAUZUN; car les messagers que je leur avais envoyé et que les consuls de MONFLANQUIN m'avaient baillé pour les plus assurés hommes qu'ils eussent, n'allèrent point porter les lettres la nuit comme ils avaient promis. De sorte qu'il fut plus de midi avant que lesdits sieurs de SAINCT ORFNS et de LAUZUN eussent nos lettres, comme ils me dirent depuis " (662)
 
" Mais il faut ici que j'écrive l'entreprise de Monsieur de PILLES . Incontinent que je fus arrivé à MONFLANQUIN, qui pouvait être deux heures après‑midi ‑ 6 Mars ‑ les huguenots de MONFLANQUIN avertirent Monsieur de PILLES que j'avais tourné visage hors de CAHORS ët que j'avais délibéré de m'approcher le lendemain près de lui, attendant Messieurs de TERRIDE et de BELLEGARDE (663)... Ceux qui l'avertirent pensaient que je demeurerai le lendemain à MONFLANQUIN ou, à tout le moins, si j'en partais que je ne ferais pas plus d'une lieue ou deux au plus.
 
" Que nous puissions ainsi tenir des espions parmi eux comme ils font parmi nous, de ceux auxquels le roi a donné permission de demeurer en leurs maisons, nos affaires s'en porteraient mieux. J'eusse été averti des nôtres, comme ils le sont des leurs, de la retraite que fit Monsieur de PILLES et je l'eusse défait fort facilement ".
 
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THOIRAS le protestant : juin 1569
 
 
MONLUC s'est donc éloigné de MONFLANQUIN à la poursuite de PILES ce qui le mène à reprendre SAINTE FOY. Profitant de cet éloignement, les troupes huguenotes occupent VILLEREAL,échouent devant CASTILLONNES, et TH0IRAS s'installe à MONFLANQUIN en Juin. Ses hommes s'attaquent au couvent des Augustins. ( 4 )
 
"Les religionnaires qui ont, de tout temps,  juré aux religieux une guerre qui ne souffre point de trève, et qui font oeuvre de piété de s'enrichir de la substance des pauvres évangéliques et du vol de leurs églises, ne manquèrent pas de fondre dans ce couvent comme l'oyseau sur la proye, et comme les soldats, irritez par une trop longue résistance des assiégez, fondent précipitamment par la brèche dans les villes, dont on leur a donné le pillage;ils mettent d'abord tout en ruyne et désolation:qui casse les lampes, qui déchire les images, qui brise le tabernacle, qui renverse les chaises, qui destruit à coups de haches les confessionnaux. Ils font servir l'église d'escurie, les autels de crêche, les habits sacerdotaux de littière aux chevaux;ils prostituent les napes des autels aux cuisines;les calices à célébrer les orgies et les mystères des bacshanales; les patènes qui ont mille fois soustenu le S.Sacrement,sont destinées parmy les assiettes des tables profanes; et les croix qui, plantées sur les églises, dans les places publiques et aux carrefours, et partout également adorables, leurs sont à scandale, et exécration, parce qu'elles sont de bois, deviennent dans les sacrifices et sur les autels l'objet de leur convoitise, et la matière sur, laquelle ils exercent leurs rapines, parce qu'elles sont d'argent. "
 
"Les religieux qui souffroient sans opposition tous ces dégats, et qui ne voyoient pas sans larmes, ny sans horreur, de si scandaleuses abominations; mais surtout le Père Anthoine BONIS,supérieur dudict monastère, plus jaloux de la beauté de la maison de Dieu, que de la consternation de sa propre vie, pour ne sembler pas authoriser des excez si détestables par son silence, leur dit courageusement: " Pies amis, arrêtez un peu cette fureur qui vous transporte, et vous contentez d'estre injustes et insolens, sans vous rendre sacrilèges et impies. Ne l'obligez pas à prendre le fouët en main pour vous punir de ce que vous aurez la témérité de lui (Dieu) venir faire, des affronts jusque dans sa maison, et provoquer son courroux dans le lieu où il a eslevé le thrône de ses miséricordes... Sachez que la Providence n'est pas endormie, ny son zèle refroidy, et que si vous continuez de persécuter sa bonté, sa justice vous attrapera et vous fera sentir à toute rigueur les tortures que vous aurez mérité."
 
" Ces soldats en qui la passion avoit éclipsé toutes les lumières de la raison, et de qui on ne devait attendre rien d'humain après tant d'indignitez, irritez de cette remonstrance, se lancèrent brutalement sur ces innocents religieux, qui sans résister se laissèrent mettre le couteau à la gorge, comme des aigneaux destinez à la boucherie. En effet le Père Anthoine BONIS y fut traîné, pendu au crochet parmy les moutons, coupé en pièces et vendu à la balance, pour satisfaire à l'avidité de quelques anthropophages et âmes de loup‑garou, qui se vouloient saouler de sa chair, après avoir trempé leurs mains, et lavé leurs yeux de Basilic dans son sang. "
 
Cruauté qui fait rougir le ciel aussi bien que la terre, qui justifie l'inhumanité des Caligules, des Alarics et des Nerons, qui fait horreur à ma plume, et que je n'oserois écrire pour son estrangeté de peur d'affoiblir la vérité de mon histoire, si je ne m'asseurois que le récit, bien qu'odieux, passera pourtant sans reproche dans la créance des lecteurs, sous l'authorité de vingt et deux tesmoings dignes de foy, qui en ont rendu le tesmoignage devant Maître Arnauld MAUVAISSE, juge royal en la ville et juridiction de PENNE en AGENOIS; en l'enqueste qu'il en fit le 5 May 1614, à l'instance du syndic dudit monastère, par commission de la Cour de Parlement de BORDEAUX, dont l'original se lit aujourd'hui dans les archifs de TOLOSE."
 
'" Lesdits déposants s'appelloient Estienne CAZAL, âgé de soixante et dix ans; Guillaume VALLAGARIE, de 66; Jean FAU, marchand, de 72; Martial JARLAN, chaussetier de 7I,tous natifs et citoyens de MONFLANQUIN; Maître Estienne GUARY, licencié es Droicts, de VILLEREAL, sexagénaire; Maîstre Pierre LAMERE, praticien, actuagénaire; Augustin LAPASCAILLE, âgé de 70 ans;Raymonde PEDEMON, de 62; damoiselle Mariane DESCOMBES, de 72 ".
 
"Lesquels avec les autres ont attesté avoir veu partie de leurs propres  yeux, partie avoir appris de leurs pères, comme le susdit P.Anthoine BONIS, prieur dudit couvent, avoit esté pendu au crochet de la boucherie. Le reste de son corps fut jeté dans la voirie, comme il est assez notoire par le livre des raisons dudit couvent, où le Procureur marque quelques quelques années après, avoir donné de l'argent pour en faire retirer les ossements, et les faire ensevelir avec respect et vénération en terre saincte."
 
"Ces courages abrutis, aussi bien déterminez à mal faire, qu'ils sont par leur propre confession inutiles à tout bien, pour faire passer leur malignité par tous les degrez de la malice, firent succéder l'incendie aux homicides, aux sacrilèges et aux saccagements: ils mirent le feu aux quatre coins du convent, qui ravagea si universellement église, dortoirs, bastimehs, tou, qu'il ne resta que les seules murailles, sur qui il n'estendit son embrasement, que ces nouveaux apostres venus pour destruire et non pas pour édifier, abatirrent bien‑tost après, pour de leurs ruynes élever des boulevars, esperons, redoutes et autres pièces de fortification, qu'on a veu subsister encore après cinquante ans, faisant servir à rendre la rebellion insupportable en son insolence des murailles où on avait de tout temps fait profession d'obéyr, et exposans des pierres qui n'avoient pas coustume d'estre battuës que de la voix des choristes et du tonnerre:: des prédicateurs, à la nécessité, ou à tout le moins, au danger d'estre battues des coups d'artillerie et d'entendre parler efficacement des bouches de feu."
 
" Cet incendie fut le dernier trait de la rage de nos ennemis, que je me représente comme un feu de joye, qu'ils n'avoient pas raison d'allumer pour le succès d'un combat, dont la victoire a esté autant injurieuse à la téputation des vainqueurs, qu'elle a élevé des trophées, préparé des lauriers, et fait mériter des couronnes aux vaincus. "
 
[* Le récit de cet acte est relevé dans "L'histoire de la vie du glorieux père St AUGUSTIN" rédigé par le Père Simplician de ST MARTIN et publié à Toulouse en 1610. C'est donc une hagiographie catholique édifiante. Cependant l'essentiel du drame a été confirmé par d'autres sources et une tradition appelle le puits de la rue Ste MARIE " lou pout des Frays " parcequ'on y aurait précipité les restes des suppliciés.( 5 )]
 
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Très tôt dans le siècle ( 6 ) MONFLANQUIN a été concerné par la montée de la pensée Réformatrice. Aussi les MONFLANQUINOIS ne pouvaient-ils rester, volontairement ou non, en dehors des tensions en cours : MONLUC, THOIRAS à MONFLANQUIN ne sont pas le fait du hasard.
 
MONLUC et THOIRAS deux prototypes des protagonistes des Guerres de Religion; à les suivre dans l'AGENAIS en 1562 et 1569 on saisit mieux les craintes des habitants sans cesse menacés.
 
Georges 0 D 0
Janvier 1993
 
* MONLUC (-Blaise de Lasseran Massencome, seigneur de) maréchal de France né à SAINT‑GEMME (Gers) en 1502, mort à ESTILLAC (Agenais) en 1577. Après de brillants services en Italie (Pavie,1525; Cérisoles,1544) et au siège de Sienne (.1554 ‑ 1555 ), il combattit les calvinistes avec cruauté dans le Sud‑Ouest de la France.           retour
* DURAS Symphorien de DURFORT, sieur de DURAS ; 2° fils de François Armand de DURFORT et de Catherine de GONTAUT, colonel des légionnaires de Guyenne, tué à ORLEANS le 12 Mars 1563.
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* Armand de CLERMONT, sieur de PILES, fut l'un des chefs du parti huguenot en PÉRIGORD. Occupa BERGERAC en 1563, fut condamné par contumace en 1569. Marié à Françoise de DURFORT BOISSIERE, il fut tué à la SAINT BARTHELEMY en I572.       retour
 
 
B I B L I 0 G R A P H I E
 
‑ ( I )   "Commentaires de Blaise de MONLUC" Paul COURTEAULT, Edition Pleiade NRF 1964. Dans la présente étude les pages transcrites et, puisées dans le texte de Paul COURTEAULT sont précisées ( ).
 
‑ ( 2 ) '"Histoire de l'AGENAIS" T. II . Samazeuilh J.F.Ed. Laffite Reprints 1980.
 
‑ ( 3 )" Histoire de l'AGENAIS" T.III . Revue de l'Agenais 1943.
 
‑ ( 4 )" Anciens établissements religieux de MONFLANQUIN" Chanoine DURENGUES - Revue de l'Agenais 1922 p. 418 et suivantes.
 
‑ ( 5 ) "Les anciens couvents d'Augustins: MONFLANQUIN ". Yves PERONTIN. Revue de l'Agenais 1956 p. 185 et suivantes.
 
‑ ( 6 )"Les débuts du protestantisme à MONFLANQUIN au XVI° Siècle ".- ODO Georges, Sous les Arcades n° 313 Novembre I99I.
 
S  Thoiras
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
                                                                                                                                       
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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