Protestants...  
 
jurade au XVI° Siècle° 
 
Monluc-Thoiras
 
Henri IV 
 
Les Sarrau  au XVII°
 
Révocation de l'édit  Nantes
 
Historique
1518 - 1560
1561 - 1601
1601 - 1789
 
Les mariages de 1789
 
Chronique familiale
 
le Temple
 
 
 
***

 

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Le  protestantisme

à Monflanquin

XVII° et XVIII°

A-1518 - 1560
 
B - 1561 - 1601
 
C- Protestants au XVII° et XVIII°
4- 1621–1681   Les avancées des catholiques
- Les remparts de Monflanquin
- Les avancées des catholiques  1622-1641 
- Maintien et loyalisme des Protestants
- Carte des places fortes protestantes en 1620-1621
- Multiplication des contestations juridiques  1657–1670
- Autorisés mais le temple est à rebâtir  1671 1673
- La pression catholique provoque la rupture  1677–1681
5- 1682–1686   La Révocation de l’Edit de Nantes
- Vers la fermeture du nouveau temple  1682-1683
- Fermeture en série des temples  1684
- Révocation de l’Edit de Nantes  1685
- La résistance de Vernejoul  1685
- L’abjuration de Vernejoul  1686
- Une menace : les galères perpétuelles
- Une solution pour beaucoup : l’exil 
6-   Fin du  XVII° et  début du   XVIII° siècles  
- La pression : témoignages des Protestants – Fin XVII° siècle
- La pression : les textes signés par le Roi – Fin XVII° siècle 
- La pression : les militaires et le clergé – Fin XVII° siècle
- L’obstination des Protestants – Début  XVIII° siècle
- Culte familial et pasteurs clandestins – Début XVIII° siècle
- Le renouveau : les Eglises du Désert – Première moitié du XVIII° siècle
- Le quartier de Monflanquin – Seconde moitié du XVIII° siècle
- Restructuration de l’Agenais – Seconde moitié du XVIII° siècle
7-   1787–1789   Fin  de  l’Ancien Régime   
- L’Edit de Tolérance – Novembre  1787
- L’état-civil des Protestants : Avant et après l’Edit
- La communauté des Protestants en 1789
- Les moyens de sauvegarde de la communauté protestante
8- Epilogue : Révolution, Consulat
Bibliographie
4- Les avancées des catholiques : 1621–1681
 
- Les remparts de Monflanquin
 
Les remparts de Monflanquin construits par Edouard I°, en 1282, ayant trouvé leur justification avant et pendant la guerre de Cent ans ont par contre démontré la limite de leur importance militaire face aux armements contemporains lors des guerres de Religion (37). Monluc en a fait la rude démonstration dès 1es années 1560 lors de ses passages.. .
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Au début du XVII° siècle, il semble que leur état laisse à désirer puisqu’en juin 1621 le duc de La Force exhorte les habitants de la bastide de mettre en état les fortifications. Cette prise de position favorable aux insurgés condamnent les remparts, malgré le ralliement au Roi durant le mois de juillet.
 
«L'an 1621 et le 7 du moys de 7 bre, M. Thibault de Labrousse, Chevalier des Ordres du Roy, gentilhomme ordinaire de la Chambre et capitaine-enseigne des gardes du corps de sa Majesté, commissaire à elle député pour faire raser les murailles et fortifications de Monflanquin, fait don au Couvent au nom du Roy de toute la pierre des dites démolitions, à prendre depuis la porte St André jusqu'à la porte de Roquefère du côté de l'orient et du midi, à la charge de dire tous les ans une messe du St Esprit  pour le Roy  et   sa  famille  royale  le 9° jour  de 7 bre». (38)
 
On peut se demander si cette démolition, qui concerne environ les trois quarts des remparts a pu être ébauchée puisque le 13 février 1622 le baron de *Castelnau (* Henri  Nompar  de  Caumont,  marquis de Castelnaud, futur duc de La Force, gouverneur de Monflanquin  à cette occasion , selon Bellecombe (27b) s'empare de Monflanquin au nom de son père, le duc de La Force, en passant par des brèches très larges. Aussitôt il  fait renforcer les remparts. C'est en quelque sorte le chant du cygne de la fonction militaire de Monflanquin car en juin 1622 tout est fini et le marquis de Théobon, allié de la famille de La Force, rend la ville sans coup férir au Roi. Cette fois les remparts vont être démantelés dans le respect de l'arrêt de l'année précédente visant Monflanquin, confirmée par la décision du 21 décembre 1621 à l'encontre de l'ensemble des places de Guyenne. Mesure qui devient exécutoire par ordonnance royale rendue le 1° juin à Agen :une commission royale confie à l'avocat général du Parlement de Bordeaux, Jean Olivier Dussault, la démolition des forteresses de Guyenne parmi lesquelles Monflanquin. (38)
           
En 1628, il est fait mention de la démolition de l'hôpital avec les murs de la ville auxquels il était adossé au nord …  En juillet dommages causés aux maisons de Henry de Persy appuyées sur les remparts … En octobre Montaut vote une somme de vingt livres pour le paiement de dix manœuvres employés à la destruction de ces remparts.
 
En avril 1630, l'intendant de Guyenne, François de Verthamont, déclare que " pour la construction du temple leur avons permis de prendre des pierres et matériaux vacants de la démolition des remparts".
 
Dans les textes et dans la réalité, Monflanquin a cessé d'être militairement un lieu de défense possible pour les Protestants.
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- Les avancées des catholiques  1622 - 1641
En 1622, l'ordre de destruction des remparts atteste que dorénavant les Réformés sont dépouillés de leur place de sûreté, mais parallèlement en cette même année ils perdent le contrôle de la jurade où trois catholiques prennent place, ce qu'entérine un accord signé le 9 juin 1623 entre les deux partis. Le recul pour les Protestants de Monflanquin est notable.(40)
 
Comme pour marquer l'évolution en cours et profitant du renouveau catholique, les Augustins, en mal de Couvent depuis wpe3B.jpg (1133 octets)1569 - où le leur avait été détruit aux portes de la ville - s'installent intra muros. En 1624, un obit, c'est  à dire une donation pour messe anniversaire, leur permet l'achat d'une maison. Dès lors ils sont en mesure d'installer d'une part leur couvent et d'autre part leur chapelle. (41)
 
Mais les hostilités reprennent et les environs de Montauban doivent subir les foudres du duc d'Epernon gouverneur de Guyenne … Le 6 avril 1626 un nouvel édit de pacification apporte une nouvelle trêve …
 
Trêve de courte durée car, dès 1627, la guerre se rallume alors que Richelieu se promet bien d'en finir avec La Rochelle. Pas plus en Languedoc qu'à La Rochelle le parti protestant n'est décidé à faire la guerre : les nobles l'ont déserté, les bourgeois restent fidèles au Roi. Seuls Rohan et Soubise mènent le combat avec passion et obstination. L'Agenais ne prend pas part à cette guerre. (miquel)… Le 27 juin 1629, la paix est accordée à Rohan qui la demande depuis Anduze où il s'est installé.   " l'Edit de Grâce d'Alès "  maintient les dispositions de l'édit de Nantes quant aux libertés de culte mais confirme la fin des places de sûreté.
 
L'orage passé les Réformés de Monflanquin, en 1630,  adressent à François de Verthamont, commissaire pour l'exécution des édits de Pacification, une requête demandant que le " consulat de ladite ville serait remis entre leurs mains conformément à ce qui se pratiquait avant 1622…"
 
A cette requête les catholiques en opposent une autre : " aux fins que suivant leurs anciens privilèges, arrêt et règlement de la Cour du Parlement de Bordeaux ils fussent admis aux charges consulaires de lad. Ville et tiendraient les quatre premiers rangs aux élections consulaires".
 
Par ordonnance du 6 août 1630, les commissaires donnent satisfaction aux protestants. Ils considèrent (42) que " les habitants de la R.P.R. seraient admis aux charges consulaires indifféremment avec les catholiques et sans aucune distinction de religion". C'est la reprise pure et simple de l'arrêt du 29 juin 1602.
 
La pression catholique se maintient et, le 21 janvier 1635, la jurade note que «  le gouverneur a enjoint aux consuls et jurats catholiques de s'assembler pour se pourvoir devant  sa   Majesté   contre  certaines  lettres  patentes  obtenues  par  ceux  de  la  R.P.R. »  ….    Le 1° mars, les consuls stipulent qu'ils ont eu  «  recours à Mgr d'Epernon pour avoir règlement pour le consulat » : il y aura donc à Monflanquin, au grand regret des catholiques, six consuls dont quatre catholiques et deux de la R.P.R. (40)
 
Un procès verbal, de 1641, confirme que les quatre consuls catholiques ont la préséance sur les deux protestants, la justice royale étant administrée par quatre officiers dont le Lieutenant et le Procureur catholiques, le juge et l'assesseur protestants.
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- Maintien et loyalisme des Protestants
 
 C'est également en 1630 que le problème de l'église est à nouveau reposé par les catholiques qui contestent l'arrêt du 22 mars 1603 trop favorable aux protestants, selon eux. Sujet de controverse d'autant plus vif que la proximité du temple et de l'église fait que les uns et les autres sont ordinairement interrompus " en faisant le service tant par les chants que par le son des cloches". (3)
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Le 6 avril 1630, François de Verthamont, après avoir consulté les deux partis en présence, prend une ordonnance : " Ceux de la religion R.P.R. délaisseront, dans six mois, au curé et aux catholiques le temple auquel il font à présent l'exercice de leur religion, ensemble l'entier cimetière de lad. Eglise … Ceux de la R.P.R. reprendront la somme de 600 livres consignée et demeureront quittes des 400 livres demeurés entre leurs mains. En outre les catholiques leur payeront 800 livres dans six mois" … " OrdonnonswpeB6.jpg (1253 octets) il sera pourvu auxdits de la R.P.R. d'un lieu commode pour bâtir le temple et d'une place pour leur servir de cimetière … temple pour la construction duquel leur avons permis de prendre des pierres et matériaux vaquants de la démolition des murailles".
 
                                                                                                                                    
Ordonnance *non suivie d'effet (* Il est vraisemblable que les deux communautés, catholique et protestante, ont eu à faire face aux calamités naturelles de l’année 1631 marquée par de très nombreux décès. Une sorte de trêve momentanée a du s’imposer), puisqu'en 1641 l'archiprêtre en visite à Monflanquin observe : " Il y a la grande église de Ste Marie toute découverte sauf une petite chapelle dans laquelle se fait le service ordinaire, sur les fondements de laquelle église est bâti le temple des religionnaires dans lequel ils font leur exercice ordinaire et interrompent grandement le service divin dans l'église par leurs prêches et leurs chants dans ledit temple." A charge de revanche les Religionnaires eux-mêmes ont droit aux cloches et chants de leurs voisins catholiques. En fait les deux cultes ainsi rapprochés devaient se gêner réciproquement.
 
De guerre lasse le curé décide de transférer dans la chapelle des Augustins le service paroissial, chapelle où il restera de longues décennies dans l'attente d'une solution.
 
Les affrontements de la Fronde ramènent l'agitation et la misère dans toute la région. La lutte est ardente autour de Bordeaux et dans tout l'Agenais, mais, ne répondant pas aux avances que leur fait Condé, les Protestants en tant que communauté restent fidèles au Roi. La position de Monflanquin pendant cette période est mal connue, peut être favorable à  * Condé et Théobon. (* Théobon de Pardaillan, gouverneur de Monflanquin  en 1651, selon de Bellecombe (27b)… Cassany-Mazet  mentionne la  joie des Monflanquinois le 4 mai 1651 à l’annonce de la nomination de Condé comme gouverneur de la  Guyenne (41b)
 
 Un seul épisode notable est  enregistré par la chronique locale : le repli vers Monflanquin fin juillet 1652 des troupes d'Harcourt favorable au Roi et poursuivi par celles de * Théobon de Pardaillan défenseur de Villeneuve au nom de Condé. Sans préciser la position de Monflanquin en la circonstance.
 
Quoiqu'il en soit, Mazarin, sensible à la loyauté de la communauté Réformée dans sa globalité, freine les ardeurs des jésuites et des "dévots" . Ce qui laisse un répit aux Protestants qui ont le sentiment que leur loyalisme les met à l'abri.
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- Multiplication des contestations juridiques  1657 – 1670
 
Malgré ce loyalisme, et cette retenue de Mazarin, la pression des catholiques se maintient. Sur l'ensemble du royaume l'activisme des jésuites alimente la "guerre des procureurs" pour avoir raison des "hérétiques". Dans ce cadre très précis de  contestation, de harcèlement juridique  les catholiques   de Monflanquin ne sont pas en reste et les protestants finissent par s'en accommoder puisqu'ils y sont contraints (40b)
 
Le 30 décembre 1657 une ordonnance du marquis de St Luc, lieutenant du roi en Guyenne, confirme à la requête des consuls catholiques sortant de charge, la nomination de quatre nouveaux consuls catholiques " afin d 'éviter les troubles suscités par les consuls de la R.P.R."  En fait le débat porte sur la répartition des six postes et les catholiques refusent les trois consuls élus par les Protestants "au mépris des arrêts du Parlement de Bordeaux qui ne leur en accorde que deux" … Après un long conflit la jurade en revient, avec l'assentiment de l'Intendant, à appliquer pour les élections consulaires l'accord passé entre catholiques et réformés le 9 juin 1623 d'après lequel le consulat devait être mi-parti. Cet accord avait été approuvé par une ordonnance du Roi le 31 août 1650.
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En 1667 c'est un nouveau dossier qui est ouvert : celui des régents dont l'importance n'échappe à aucun des protagonistes. Requête des syndics du diocèse d'Agen à l'Intendant M. Pellot ; ils exposent que deux religieux du couvent des Augustins exercent la fonction de régent et que ces religieux prêchent, en raison de quoi ils reçoivent chaque année la somme de 40 livres. M. de Becays et ceux de la R.P.R. obtiennent que cette somme leur soit restituée pour l'année précédente et soit maintenue pour l'avenir.
 
Le 27 février 1668, dans un même souci de maîtriser les fonctions à la charge de la jurade,  il est question du greffier, du médecin … Ordonnance de M. Pellot, en réponse à la requête du syndic du clergé d'Agen. Le greffier est dénoncé comme étant de la R.P.R. et les protestants ont fait attribuer au médecin de la ville les gages ordinaires donnés au prédicateur. L'Intendant destitue le greffier qui sera remplacé par un catholique; il décide que sur les cent livres de gages attribués  au médecin la moite sera donnée au prédicateur du carême.   
 
Autre objet de querelle constante : les cloches. Cette même année 1668 la jurade apprend que certains catholiques veulent enlever la cloche de l'horloge pour la faire servir à l'église. Le curé présent à l'assemblée déclare : "tant pour luy que pour les autres paroissiens qu'il n'empesche que la cloche ne soit montée dans le clocher de l'ezglise". Il fait remarquer que les voix ont été partagées à ce sujet et que nulle décision n'a été prise, les jurats catholiques ayant quitté la séance sans vouloir signer le procès verbal.
 
Par contre l'attribution de l'église, qui  reste l' affaire cruciale en suspend, semble trouver une solution en 1668 . Dès l'arrivée de  Claude Joly à l'évêché d'Agen, en 1665, le clergé montre une plus grande pugnacité. Pour préparer ses synodes  le nouvel évêque multiplie les enquêtes auprès des curés et dès les premiers jours de juillet il se rend à Villeneuve et Penne, puis le 15 octobre il poursuit par Monflanquin et Castillonnès. (43) Lors de son passage à Monflanquin il découvre que "l'église, où l'on fait présentement le service, n'est ni voûtée ni lambrissée" et il va pousser en premier lieu à sa restitution .
 
A ce propos, en 1668, Castillon note dans son livre de Raison : "Le 21 janvier 1668 ayant été député du corps de notre église avec MM. de Persy et Deyma … anciens de lad. Eglise, suis allé en leur compagnie au lieu de Montaud le vieux pour traiter de toutes affaires … avec MM. du clergé d'Agen et le sieur Courtie, curé de la présente ville, auquel lieu s'étant trouvé messieurs de Belsunce et Lamothe nos arbitres, a été accordé … que nous quitterons notre dit temple aud. Sieur curé" … que seront "conservés notre cloche, bancs et autres meubles qu'il nous sera loisible d'emporter"…. que nous sera consenti, " marqué et piqueté une autre place dans la présente ville pour y bâtir un autre temple" … " Les consentements nécessaires seront donnés … moyennant la somme qui sera arrêtée par MM. de Belsunce et Lamothe". (3)
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- Autorisés mais le temple est à rebâtir  1671 1673
 
Le climat se tend progressivement. Les Assemblées du Clergé ne cessent de demander à Louis XIV l'extinction de l'hérésie. Les Protestants de Monflanquin peuvent avoir à juste titre le sentiment que tout se passe comme si on leur serrait un collier de force passé autour du cou pour les étrangler de plus en plus.
 
La jurade est la caisse de résonance de cette discorde accrue. Les registres de la jurade portent mention des lettres du maréchal d'Albret, gouverneur de Guyenne attestant son intervention dans les élections consulaires de l'année 1671 … Contestation entre des consuls sur une question de rang … (44)
 
Plaintes ayant été faites au gouverneur de la province "par quelques personnes qui ont prétendu qu'il se faisait à Monflanquin des attroupements séditieux" la jurade proteste le 28 avril 1672 et assure que rien de pareil n'est venu à sa connaissance … Pourtant des ordonnances du maréchal d'Albret prescrivent aux consuls catholiques qui se sont retirés de la ville d'aller y résider afin que les affaires ne restent pas en souffrance. Ce qui laisse paraître que les rapports et la situation à Monflanquin se tendent sérieusement. Quant aux ministres des Religionnaires ils se voient  "à raison de leurs provocations au désordre" condamnés à l'amende, et, de plus interdits de leurs fonctions pour toute leur vie.(7)
 
En juin 1673 le Temple revient sur le devant de la scène et, dans la logique du moment, les protestants s'en trouvent démunis. Castillon écrit : "Par arrêt du Conseil exécutoire,  notre religion a été maintenue dans notre ville et le délaissement du temple dans lequel se faisait nos services a été ordonné … le second jour de juin a été procédé au piquettement pour édifier un nouveau temple sur la brèche de Picamil et sur la rue des vignes … et ce même jour, après avoir emporté de l'ancien temple tant la chaire que bancs et cloches… un des pasteurs a fait la prière dans lad. Place, psaume 122, à la grande consolation de tout le public". (3)
Joly, l'évêque d'Agen   se félicite de ce que "la nouvelle église qui depuis plusieurs années servait de temple aux huguenots, par arrêt du Roi en date du 13 mars 1673, obtenu à notre requête par nos soins, a été rendue aux habitants catholiques dont ils prennent possession le 3 juin et le lendemain 4 juin, jour de dimanche, il s'y fit par notre ordre une procession solennelle composée de soixante ecclésiastiques, revêtus de surplus et portant chacun en main un cierge allumé. Le S. Sacrement de l'autel y fut porté solennellement par toutes les rues qui furent tendues et ornées, et prédication fut faite au cour de la grand messe" (42)
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- La pression catholique provoque la rupture  1677–1681
 
Pendant la guerre de Hollande en 1675 l'Assemblée du Clergé demande une fois de plus que le gouvernement soit plus insistant. En 1676 est établie la caisse des conversions sous la direction de Pelisson, lui-même huguenot converti : six livres ne moyenne, à ce prix beaucoup de miséreux apostasient.
 
A Monflanquin, les huguenots enregistrent les évènements avec inquiétude même si leurs droits civiques sont respectés. En 1677 il est avéré que " dans Monflanquin il y a six consuls dont les quatre premiers sont catholiques et les deux autres de la R.P.R.. Suivant un règlement par arrêt du Parlement de Bordeaux du 12 août 1658… les jurats ou prud'hommes sont my partie. L'élection consulaire se fait tous les premiers jours de chaque année"
 
Cependant ce droit apparemment respecté ne peut cacher la somme des mesures restrictives prises par la monarchie. Les huguenots se lassent et finissent par manifester leur mécontentement.
 
Selon Durengues, dès 1677, "ils prirent les armes et se soulevèrent. Par ordre du gouverneur de la province M. de St Quentin, gouverneur de Castillonnès, envoya contre les révoltés M. de Montmon avec sa compagnie. La ville fut prise le 26 janvier et traitée avec rigueur. Elle fut soumise à une longue occupation militaire et condamnée à payer une amende de dix mille livres. Le duc de La Force intercéda en sa faveur et obtint une réduction de cinq mille livres. La maison de ville et la halle avait été démolie par les soldats de Montmon". (42)
 
Les registres de la  jurade de Monflanquin pour leur part n'en  parlent pas mais   par  contre  notent  que le 9.juillet   1681,  on  rappelle  à  la  jurade  qu'il  y a eu des soulèvements populaires dans les paroisses de Savignac, St Aubin,  St Caperais et Lamothe-Fay.  A Savignac on a sonné le tocsin, incendié la maison de Vergniol, chirurgien, et tenté d'enlever les portes de l'église. La jurade est d'avis d'informer les puissances supérieures de ces soulèvements, de faire descendre et mettre en lieu sûr les cloches des paroisses mutilées et d'organiser la garde dans le clocher de Monflanquin. On aidera le vice-sénéchal à faire une enquête … Jeyan, vice-sénéchal, vient avec huit archers escortés par les consuls, la noblesse et les principaux habitants du pays, au nombre de cent cinquante cavaliers ou gens à pied. On fait huit prisonniers et la sédition paraît calmée. (44)
 
Les registres de la jurade précisent qu'un arrêt du Conseil d'Etat du 24 novembre  *1681 exclue les P.R. pour toujours du consulat et conseil politique de Monflanquin "attendu qu'ils sont cause de la mauvaise administration de cette communauté". Le contrôle de la jurade, sujet de conflit entre les deux communauté depuis des décennies est réglé au profit des catholiques par élimination totale des huguenots.(*  Faut -il admettre qu'il y a eu soulèvements en 1677 et 1681 ou bien que Durengues fait une erreur de datation, malgré tout le sérieux habituel de ses recherches, et qu'il n'y a de crise qu'en 1681 ?)
 
Par le même arrêt il est précisé que le prieur de Monflanquin, le curé et le vicaire " assisteront aux assemblées publiques des habitants de la ville … attendu que la plupart font profession de la R.P.R."  Huguenots qui, cependant, vont mener à bien les travaux de leur nouveau temple, commencés huit ans plus tôt et poursuivis malgré tous les aléas.
 
Dans son livre de Raison, Pierre de Vernejoul retient "Ce jeudi 18 décembre 1681 … prise de corps de mon fils [ Daniel], le ministre de Bergerac, lui ayant supposé qu'il avait reçu une abjuration et béni un mariage entre des fiancés de contraire religion depuis les défenses de sa majesté et j'ai immédiatement dépêché pour … pourvoir aux moyens de faire voir son innocence."
 
Daniel de Vernejoul, en fait, est prisonnier du collier de force passé aux protestants et que la monarchie ressert progressivement sur l'ensemble des Religionnaires du pays. Tout comme son père il devient à ce titre exemplaire de la situation d'ensemble.
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5-  La Révocation de l’Edit de Nantes : 1682–1686
 
- Vers la fermeture du nouveau temple  1682 - 1683
 
En 1682 l'Assemblée du Clergé adresse aux protestants un avertissement pastoral et des menaces. De son côté Louis XIV écrit aux évêques qu'il a ordonné aux Intendants des Généralités de s'entendre avec eux pour prendre toutes les mesures capables de « contribuer au succès de ses projets ». Les huguenots sont officiellement avisés dans leurs temples : on va les convertir non plus en puisant dans la Caisse de M. Polisson, mais par la contrainte. (45)
 
Cette évolution transparaît au fil des pages du livre de Raison de Pierre de Vernejoul : (46)
 
"Ce matin samedi, dernier du mois de janvier 1682, en la Chambre, j'ai obtenu arrêt sur mon fils … le jour même il est sorti de prison".
 
-" Le vendredi 6 mars M. l'avocat a fait enregistrer, au greffe des Chambres assemblées, un arrêt du Conseil d'Etat du 21 février qui ordonne que dans les six mois les procureurs de notre religion des Parlements de Guyenne, Tholoze et Grenoble se démettront de leurs charges"
 
-" Ce jour le mercredi 9 septembre, vient ce malheureux et unique arrêt [du Parlement de Toulouse saisi par celui de Bordeaux] par lequel il fut interdit pour sa vie de pouvoir faire aucune fonction de son ministère dans le royaume et l'exercice interdit pour toujours à Bergerac, que le temple serait démoli et une croix plantée en lieu et place…. Est à noter que le jour même de l'arrêt qui fait quitter la robe à mon fils ce jour même me la fait quitter à moi pour ma charge de Procureur au Parlement car l'arrêt du Conseil enregistré au Parlement de Guyenne faisait finir le terme pour le vendre."
 
- Octobre/ novembre " j'ai eu la nouvelle que tous mes collègues de la Religion ont vendu leurs charges et ceux de Toulouse ont aussi vendu, personne n'ayant préféré ni le bien ni les hommes du monde à la Religion."
 
En 1683, la relation par Pierre de Vernejoul des avanies subies par les familles protestantes de Monflanquin trouve une confirmation dans les écrits de M. Castillon, responsable de l'Eglise Réformée de Monflanquin. A eux deux ils brossent un tableau qui se suffit à lui-même pour comprendre la période.
- Le 20 mai, commente Vernejoul " mon fils [Daniel] le ministre voulant partir pour la Hollande demain matin avec sa femme, mon fils cinquième et une servante, je lui ai donné cinq cents livres" … "le 21 mai mes deux enfants avec la femme de l'aîné sont partis pour Laroque pour aller à Tonneins s'embarquer pour Bordeaux et de là en Hollande par la permission du Roy."     
 
- Le 3 novembre, continue-t-il " j'ai fait des rouleaux d'or … que j'ai mis dans un sac dans mon cabinet de Laroque, destiné à m'en servir en cas que je fusse obligé avec ma famille à quitter le Royaume pour la Religion et abandonner le reste de mon bien ".
 
- Le 18 novembre, Castillon retient que " Messieurs du Consistoire de ceux de notre Religion m'ont fait signer deux lettres avec eux, l'une au Chancelier et l'autre    à notre député général, toutes deux sur le sujet du piteux état où nous sommes réduits, le tout tendant principalement pour la remise de notre exercice …" (3)
 
- Le Dimanche 5 décembre, reprend Vernejoul "suis allé à Montaud au prêche et la fille de laquelle ma femme accoucha le 3 décembre a été baptisée par A. Vedrines, ministre."
 
- Le 6 décembre, indique Castillon " je signe un acte de notre Consistoire en qualité d'Ancien par lequel, attendu la nécessité que nous avons d'argent pour nous défendre notre temple et exercice, est délibéré qu'il sera cédé par le sieur Moret, Ancien et syndic, la somme de six cents livres dues à l'église par les héritiers de feu sieur Vidal…."
 
- Le 7 décembre, poursuit Vernejoul " je suis parti de Laroque avec M. de Védrines ministre pour aller à Tonneins-Dessus au synode comme député de l'Eglise et j'y ai demeuré jusqu'au lundi 27 dudit mois que je suis revenu à Monflanquin … Le lendemain 28 dudit mois le temple a été ouvert et le sieur Rivason a presché, et y eut une si belle assemblée que jamais l'église n'a paru si nombreuse."
 
- Le mardi 28 décembre, confirme Castillon à propos du nouveau temple, à peine achevé, "depuis huit mois ou davantage notre temple avait été fermé" … " le Bon Dieu nous a fait cette grâce de voir ouvrir le dit temple de l'autorité du synode tenu à Tonneins-Dessus par permission du Roy. M. de Rivasson, ministre du St Evangile qui nous a été envoyé par MM. du synode, y  a dignement prêché sur la première épître de St Paul aux Galates verset 3 …"
 
Pendant ces huit mois de fermeture, mentionne Castillon, "nous avions souffert en allant aux églises circonvoisines fort éloignées. Tous ceux de ma famille avec moi nous étions rangés à l'église de Gavaudun".
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- Fermeture en série des temples  1684
 
La joie des Protestants de Monflanquin sera de courte durée car la logique du système mis en place par Versailles pour éliminer la religion Réformée, ne s'est pas arrêtée pour autant. Les deux années à venir vont le démontrer amplement à tous ceux qui auraient voulu espérer le contraire.  Et tout d'abord, à peine rouvert le temple est refermé début 1684.
 
- Le 3 janvier, "l'Intendant Ris ayant interdit par Ordonnance l'exercice religieux dans les lieux où il avait été rétabli depuis le dernier synode" … "le nommé Passalaygue, sergent d'Agen étant venu le signifier au sieur Vernejoul l'un des Anciens, nous avons en conséquence cessé nos exercices" pour retrouver le chemin des temples environnants comme les mois précédents" constate Castillon.
 
- Le 17 avril, dans ce contexte plutôt sombre, une bonne nouvelle glisse cependant  sous la plume de Vernejoul : "Maturin, ministre à Monflanquin puis à La Réole, étant prisonnier au château Trompette par ordre du Roi, a été élargi par M. l'Intendant."
 
- Le 21 mai,  dimanche de la Pentecôte, retour brutal aux réalités ambiantes : "pendant que M. Frescarode ministre à Montaut était en chaire un sergent de justice et quatre soldats sont entrés dans le temple pour lui signifier un ajournement personnel avec tant de menaces et de troubles que tout le peuple a été contraint de quitter et obligé de se retirer."
 
- Le 24 septembre "étant allé à Gavaudun avec ma femme pour suivre le prêche nous en avons été privés à cause que le jour avant on avait signifié à M. Gervaix ministre un ajournement personnel, de par l'autorité du Parlement."
 
- Le 4 décembre première mention des dragonnades … "on a logé des cavaliers dans la paroisse."
 
Cette même année 1684 la jurade de Monflanquin a attribué au paiement du prédicateur les cent livres de gages de Pierre Fournier, médecin de ville et protestant. Celui-ci a beau s'élever contre cette mesure que rien ne justifie, rien n'y fait.
 
Fermeture des temples, mesures individuelles restrictives, premières dragonnades, la crise prend de l'ampleur. Pourtant jusqu'au bout, de prudence en concessions qu'il avait dû multiplier, le protestantisme avait su préserver l'essentiel. Jusqu'au bout les Académies réformées n'ont pas vu fléchir le nombre de leurs "proposants", ni les consistoires se dérober les laïcs choisis comme Anciens, ni le petit peuple cesser de chanter les psaumes. Mais la logique même de l'absolutisme continuait à développer ses effets sur le terrain.
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- Révocation de l’Edit de Nantes  1685
 
L'année 1685 voit la promulgation de près de trente ordonnances royales contre ceux de la Religion Prétendue Réformée, dont la dernière, le 18 octobre, est la Révocation de l'Edit de Nantes.
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Tout au long de cette année 1685 les dragonnades battent leur plein, en Agenais comme ailleurs même si elles sont moins féroces que dans d'autres régions. Mais leur action quand même redoutable, liée aux récits terrifiants qui arrivent du Languedoc, de Montauban, de Bergerac incitent les Protestants de l'Agenais à courber le dos en attendant que passe l'orage, qu'ils espèrent passager. Sans compter que bien des Réformés peuvent hésiter entre deux devoirs : ne leur a-t-on pas constamment dépeint dans leurs propres temples, depuis 1629, l'obéissance au Roi comme une exigence religieuse ?
 
 
Les conversions vont donc se multiplier. Il n'est pas impossible que les fantassins arrivés à Monflanquin soient des éléments des cinq régiments de passage à Agen en avril. Quoiqu'il en soit leur action entraîne des conversions :
 
Les registres de la juridiction de Monflanquin quant à eux dénombrent :
 
-    à St Hilaire liste des nouveaux convertis de la paroisse dressée le 31 août                      
               : 68 abjurations
 
-           à Montagnac, paroisse de St Martin : 46 abjurations
-           à Monségur, paroisse de Notre Dame : 80 abjurations.
-           à Tayrac, paroisse de St Germain : 6 abjurations.
-           à Corconac et la Sauvetat : 18 abjurations. à Calviac, abjurations de : Abraham Maury, David Biau, Olivier Rey écuyer, sieur de la Plane et sa femme Isabeau, Moret, Cantepinassou, Chaires, Jougla.
 
 Selon un  témoignage souvent repris par la suite, il faut estimer que l'abjuration et la conversion concernent près de cinq mille huguenots de Monflanquin et de sa juridiction entre le 4 et 8 septembre, c'est à dire un mois avant la Révocation de l'Edit de Nantes. Les fantassins se retirent mais sont remplacés par une compagnie de cavaliers chargés l'assurer la persévérance des nouveaux convertis. Les dragons seront encore sur place deux ans plus tard lors du passage de Mascaron l'évêque d'Agen.
 
En septembre, Vernejoul atteste la masse des conversions et le maintien de ces troupes : " non seulement Monflanquin ayant changé mais presque tout le pays, il ne restait que moy, ma fille et celle de mon cousin Becays de Maurel qui avaient de gros logements".
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 - La résistance de Vernejoul  1685
 
Le récit par Pierre de Vernejoul permet de suivre presque au jour le jour les événements locaux et permet de comprendre comment même les plus attachés à leur religion finissent par céder et abjurer. Son livre de Raison est suffisamment explicite à cet égard.
 
- En avril 1685, Vernejoul isolé va au prêche de plus en plus loin, cette fois à Monsempron … Quelques jours après, le curé de Monflanquin, M. Molinier, prend possession de la maison que Josse tenait du Consistoire et l'en fait partir. " De ce temps là est venue la nouvelle que les temples de Pujols, Lustrac et Monsempron avaient été fermés…"
 
- En juin, alors que la garnison a délogé de Monflanquin plus tôt, "ma femme a accouché d'un garçon … nous l'avons porté à Villeneuve pour être baptisé et cela a été fait dans la maison de ville par M. Lamothe, ministre, établi là par sa Majesté … Le baptême a été écrit sur deux livres, l'un gardé par les Consuls et l'autre par le ministre où j'ai signé."
 
- En août, " Le 29, envoyé mes trois enfants et leur précepteur, le sieur Pierre de Robert, chez un mien parent, à cause des gens de guerre  Le 31, à Laroque, ma femme, ma mère et le reste de la famille est sortie de la maison à cause des gens de guerre … j'ai été obligé d'aller coucher ailleurs, dans un grenier, ne trouvant point d'autre azille".
 
- En septembre, " Le 1° de ce mois, étant retourné à la maison de Laroque, un des officiers me prit et m'ayant écarté de la maison me dit sans autre compliment qu'il fallait changer de religion    Le 2 septembre toutes mes gens ayant délogé, emporté tout ce qu'ils ont voulu, car ma maison était pleine …  le 4 septembre, MM. Latour et Moret le docteur, qui avaient changé et presque tout Monflanquin, sont venus me voir … Le 5 de ce mois ayant reçu un billet de logements de deux compagnies et ce monde composant plus de deux cents hommes, ma femme n'a pu se résoudre à rester. Nous sommes allés nous cacher dans une grande haye au milieu d'un champ au-delà le bois de Laroque.
 " Nous sommes allés trouver la pauvre Mme Daubus, sa maison saccagée, la métheyrie ruynée. Ils avaient tué les bœufs, moutons, volailles, percé une demi douzaine de barriques, avec des tarayres, fermé avec des quilles, bref il semblait que les démons y avaient été."
Par contre "comme ma cousine de Vedrines avait changé, il y eut délogement et elle faisait faire les vendanges, son mari ministre s'en étant allé avant, avec un de ses enfants, suivant la déclaration du Roi, et étant en Hollande."
 
Ces deux situations  sont exemplaires du mécanisme imaginé par le pouvoir pour amener les protestant à abjurer comme le souligne Vernejoul : " Pendant tout le séjour que ces troupes firent, les soldats allaient dans la  paroisse chez ceux de la Religion, le curé qui avait son bonnet et autres ornements recevait les abjurations de tous ceux qui venaient et les soldats avec cela quittaient."
 
- En décembre le duc de La Force laisse à Vernejoul, réfugié depuis la mi-septembre chez lui, procuration générale de ses affaires comme intendant de sa maison..... Le 16 décembre il enregistre "ma femme est arrivée à La Force ayant été obligée de se cacher et fuir parce qu'on la cherchait pour la prendre et mettre dans un couvent."
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- L’abjuration de Vernejoul  1686
 
La pression exercée par le pouvoir en place se maintient sans faiblir. En 1686 l'érection d'une croix, à la suite d'une mission prêchée par les PP. capucins envoyés par l'évêque d'Agen Mascaron, symbolise la période. Vernejoul est encore une fois un témoin à lire attentivement pour saisir le déchirement et les alarmes au quotidien des protestants quand ils s'efforcent de ne pas abjurer.
 
- "Le 17 janvier 1686 une lettre de sieur Lartigue de Tonneins qui me marquait que M. l'évêque d'Agen lui avait dit de m'écrire que si je ne voulais point changer comme les autres, que l'on irait me démolir ma maison et que l'on doublerait encore la charge … Dieu m'inspira d'aller moi-même fermer les portes du château [de La Force] et rapporter les clefs de ma chambre, car autrement les troupes qui arrivèrent un moment après autour du château et qui heurtèrent seraient entrées et m'auraient pris avec ma femme."
 
- "Le 18 janvier trois heures avant jour … j'entendis parler des gens … c'était des gens de guerre. Avec ma femme nous travaillâmes à mettre la chambre où nous logions en état de ne pas connaître qu'on y eut couché et fûmes nous enfermer dans le petit cabinet de Madame qui est dans la muraille …  On y passa  et repassa dix fois devant notre cabinet; nous les entendîmes parler et Dieu nous ayant sauvés les troupes se retirèrent".
 
- "Le 19 janvier, pendant la nuit, ma femme et moi quittâmes La Force et nous étant conduit cette nuit même à un cabaret, sur le port de Bergerac, nous y demeurâmes la journée".
 
- "Le 20 janvier, dimanche, c'est à dire pendant la nuit du 19 au 20, ma femme et moi nous conduisâmes chez un de nos amis qui nous reçut avec grand peur pour lui et pour nous …"
 
- "Le 21 janvier,  la nuit du lundi au mardi, nous quittâmes ce lieu et fûmes à un autre chez de bonnes gens qui nous reçurent avec moins de peur, dans une mauvaise chambrette obscure, sans cheminée ….
 
- "Nous eûmes nouvelle que le 24 dudit mois, jour de jeudi, notre maison de Laroque-David avait été démolie … On n'épargna pas même la chapelle des morts, car on la mit à bas, le pigeonnier brisé, jusqu'à voir ouvrir le vivier et l'on épargna que le moulin, car on se contenta de voler le maïs et de rompre un peu les tuiles … On avait fit vendre tous les bestiaux des métayers, les bois, fait arrêter tout ce qui pouvait m'être dû ; en un mot on m'avait entièrement mis à nu".
 
- "Le 30 janvier, un de mes amis nous ayant découvert et étant venu il me rapporta qu'on cherchait partout ma femme et moi, qu'il y  avait cinquante louis pour celui qui nous découvrirait et qu'on nous ferait pendre étant pris. Il m'a rapporté aussi que l'on avait mis ma mère et mes enfants en sûreté, c'est à dire en prison, et le maître de notre cabane m'ayant dit qu'il ne pouvait plus me donne retraite, qu'il y allait de sa vie, je fus obligé de partir seul, la nuit, ayant laissé ma femme fort désolée et m'en allais coucher à un lieu appelé St Crépezy près de Cahuzac."
 
- " Le 31 janvier, étant approché de Monflanquin et découvert, je fus pris et mené à Roqueffaire chez le curé, avec MM. de Latour et Moret médecin, et ayant pleuré tous ensemble écrivit sur un livre et me fit signer. Dieu veuille me pardonner par sa grâce … voulant vivre et mourir dans la Religion qui nous a marquée par sa Sainte Parole."
 
- "Le 6 février, mardi, ma femme étant au lit à Rastouillac, le curé de Lysac y est venu et l'a obligé à signer sur un livre comme celui de Roqueffaire m'avait fait faire à moi."
 
- "Le 21 septembre, l'officier de Monflanquin est venu me dire de la part de M. Crillon, commandant des troupes qu'il était averti que je ne faisais pas mon devoir c'est à dire que je n'allais pas à la messe ni autres exercices et que l'on m'enverrait logements si je ne faisais pas mieux."
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- Une menace : les galères perpétuelles
 
De nombreux pasteurs de la Basse Guyenne sont emprisonnés dès 1683 et ce n'est qu'à la Révocation qu'ils furent bannis du Royaume, disposant de quinze jours pour se retirer … Cependant certains comme Vergnol, ministre de Monflanquin, comptent parmi les galériens pour la foi…" (47)
 
En effet, "en février 1886 le Parlement de Bordeaux condamne aux galères perpétuelles, comme relaps, Jean Vergnol, ancien ministre de Monflanquin qui avait abjuré…" (48)
 
Une lettre partant le 8 février 1686 de La Réole, adressée au ministre d'Etat par le magistrat qui en dépendait, atteste que Vergnol a été condamné ses juges le sachant innocent : " Monsieur.  Je vous envoie une copie ci-jointe d'une arrestation que nous avons rendu ce matin contre un ministre mal converti. Je dois vous dire Monsieur que la preuve était délicate et même défectueuse dans le chef principal, et que néanmoins le zèle des juges est allé au-delà de la règle pour faire un exemple. Daulède premier président du Parlement de Guyenne." (49)
 
Les galères pour fait de religion avaient été supprimées par l'Edit de Nantes. Pourtant dès 1659, à l'occasion de la bagarre du collège de Montauban, la pratique réapparaît car plusieurs protestants y sont envoyés. Avant même la Révocation plusieurs ordonnances stipulent déjà la peine des galères. Cette peine des galères devient officielle avec les articles IV et X de l'Edit de Révocation. Aussi les protestants, à partir de cette date, affluent à Marseille où une décision royale veut que les condamnés aux galères perpétuelles " seraient mis et attachés à la chaîne pour estre conduits". (49b)
 
Aucune considération de rang, de relations, de distinction, de faiblesse corporelle, d'âge n'est admise, pas plus que la moindre circonstance atténuante. Cette condamnation n'épargne pas Caumont-Montbeton, appartenant à l'illustre famille des La Force, qui malgré son rang et ses soixante dix ans est enchaîné. Pourtant Vergnol est libéré par ordre du roi le 20 janvier 1687. Sa fiche permet de se représenter le personnage :    " Jean Vergnol cy-devant ministre de la R.P.R., natif du lieu de Monflanquin, âgé de cinquante ans, de bonne taille, les cheveux noirs, commençant à grisonner, les yeux gris, ayant plusieurs verrues au visage et une petite cicatrice au menton." (49b)
 
Nombreux sont ceux qui n'auront pas la chance de Vergnol. Une lettre du     27 juin 1686 enregistre qu'il y a à Marseille six cents forçats de la religion, chiffre qui semble s'être maintenu pendant des décennies puisqu'il y eut peu de remise de peine.
 
Les condamnés y sont menés enchaînés en un lugubre cortège que l'on conduit à travers la France jusqu'au port. Ils portent des colliers de fer attachés les uns aux autres par une courte chaîne qui les lie deux à deux et par une plus longue qui relie tous ces couples entre eux. Il faut que leurs mouvements se fassent en même temps sous peine de meurtrissures…                         
 
A leur arrivée au bagne, les forçats sont presque anéantis ; là on rase leurs cheveux, on leur passe une tenue de bagnard, on les ferre et les fixe à leurs bancs auxquels ils restent attachés de nuit comme de jour.
 
La vie des galériens est relatée dans les " Mémoires de Jean Marteilhe" natif de Bergerac, dont la famille a subi les dragonnades, le père la prison et lui-même les galères. Un court extrait donne le ton : " Je me suis trouvé avoir ramé à toute force pendant vingt quatre heures sans nous reposer un moment … Pour lors on n'entend que les hurlements de ces malheureux ruisselants de sang par les coups de corde meurtriers qu'on leur donne … Et lorsqu'un de ces malheureux crève sur la rame, on le jette à la mer comme une charogne."
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- Une solution pour beaucoup : l’exil 
 
C'est à partir de 1683 et surtout dès la Révocation que le flot de réfugiés déferle à travers l'Europe … Une recrudescence des passages se révèle en 1699-1700, de même  en 1715-1717. En somme à chaque recrudescence des persécutions en France correspond une augmentation du nombre de fugitifs.
 
Avant les départs, peu de ventes de biens, d'ailleurs interdites aux nouveaux convertis. Les arrangements de famille se multiplient et quand les fugitifs abandonnent ces biens, les plus proches parents, convertis pour conserver le patrimoine, s'empressent de les récupérer évitant ainsi qu'ils ne tombent entre les mains de la Régie des biens des Religionnaires fugitifs.
 
Daniel de Vernejoul, dont son père relate le départ dans son livre de Raison, est un * xemple, parmi d'autres, des pérégrinations de ces protestants en exil.(*   D. Benoît en a retracé l'existence dans une brochure à peu d'exemplaires réservés à la famille. (aa 1 PL 393)
 
Accusé en 1682, par les catholiques, Daniel de Vernejoul est emprisonné dans l'attente du jugement de Toulouse. Libéré  le 12 septembre   il se retire à Monflanquin où le 8 octobre lui parvient une lettre, signée de Louis XIV et contresignée par Colbert, l'autorisant d'aller s'établir en Hollande. C'est en mai 1683 qu'il s'embarque à Bordeaux "avec sa femme, son valet, sa servante et quelques meubles pour son usage". Il porte des attestations des églises de Caumont, Monflanquin, Bordeaux, La Réole Daniel  de  Vernejoul  débarque avec son épouse à  Amsterdam, ne tarde  pas à  être appelé à  Rotterdam  où ses  prêches sont appréciés.  Mais en  1684 il passe à Arnheim où l'église Réformée Française s'organise, en 1686 il se fait adjoindre un second pasteur, Maturin, lui-même un moment ministre à Monflanquin, avant son  exil.
 
En 1693, la seconde place de pasteur devient vacante dans l'église Réformée  Française de Hambourg-Altona, c'est Daniel de Vernejoul qui est nommé. Hambourg devait être sa dernière église, il la desservit avec distinction pendant quarante trois ans. En 1725 il perd sa fidèle compagne Marguerite de Jaure qui avait partagé avec un grand dévouement ses fatigues et ses travaux. Elle ne laissait point d'enfants à son mari et ce dernier adopta l'un de ses neveux, François de Vernejoul, premier lieutenant au Régiment du Prince Royal de Danemark. Daniel de Vernejoul, plus qu'octogénaire, s'éteint en 1736.
 
Partis dans les mêmes années que Daniel de Vernejoul, et surtout après la Révocation, six cents trente trois protestants pour le seul Haut Agenais sont répertoriés, dont quinze originaires de Monflanquin. (50)
 
Ces exilés se sont dispersés entre la Hollande, l'Angleterre, l'Irlande, l'Allemagne, la Suisse et l'Amérique du Nord. Plus précisément, bannis du royaume, les pasteurs ; parmi eux Maturin Gabriel venu à Hambourg et Rivasson Jean, bien connus des protestants de Monflanquin. Sans oublier Pierre de Védrines, pasteur à Montaut et à Gontaud. En effet Pierre de Védrines quitte la France pour la Hollande comme son cousin Daniel de Vernejoul. (51)
 
D'autres protestants encore, dont on retrouve la trace sur les registres du Consistoire de Genève au fil des années :
 
            11 mars 1697  Maugeois Suzanne    (52)
            18 août  1717   Bistorte    Marie       (53)
 
Ce qui atteste d'une part d'un mouvement continu vers l'exil et d'autre part que ce mouvement atteint, non pas seulement les responsables de la Religion Prétendue Réformée mais aussi les simples croyants.
 
Il s'avère que le fort mouvement d'émigration, commencé dans toute la France dès avant la Révocation, a touché le quart de la population protestante. La proportion est sensiblement la même en Agenais où S. Mours évalue à environ dix mille le nombre de fugitifs, avec des variations suivant les cas : importante à Clairac, Nérac, Tonneins ; au contraire, si l'on en juge par les registres paroissiaux, faible chez les protestants du Nord et de l'Est de l'Agenais qui ont opté de résister sur place.
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6-  Fin du  XVII° et  début du   XVIII° siècles 
 
- La pression : témoignages des Protestants – Fin XVII° siècle
 
Encore une fois les témoignages de Castillon et de Pierre de Vernejoul sont précieux pour mieux saisir le quotidien des Protestants à Monflanquin dans ces années qui suivent la Révocation de l’Edit de Nantes.
 
1687 – « Le samedi 25 janvier, sur le soir, le sieur Lucas, commissaire du Roy, est arrivé en ville avec des ordres de sa Majesté pour faire démolir le temple neuf » … « Le 27 janvier, ce matin on a travaillé à mettre à bas le temple neuf avec des cris et des hurlements effroyables par ceux qui y travaillaient … quantité de manouvriers qui sont venus avec grande joie de Villeneuve, Villeréal et autres lieux » … « Le vendredi, dernier dud. Mois de janvier, le susdit temple été achevé de démolir. Plusieurs ont fit grande joie le même jour avec tambour et danses par tous les coins de la ville » … « Le 14 mars j’ai été à Monflanquin voir M. Crillon, commandant les troupes, il m’a dit de ne plus tenir précepteur nouveau converti à mes enfants et de faire aller ma femme aux exercices, autrement qu’il la ferait mettre au couvent. »
 
1688 – « Le 14 août, le sieur Morest-Persy a été mis en prison par le sieur Latreille, commandant,  prétendant que celui-ci ne voulait plus aller à la messe … Le même jour, logement sur les nouveaux catholiques à la campagne, et dans la suite on l’étendit sur la paroisse, ce qui fit beaucoup de mal. » … « Le 16 novembre, on a publié à Monflanquin l’édit nouveau du Roy pour les armes au regard des nouveaux convertis » … « Le 24 de ce même mois j’ai déclaré à Messieurs les Consuls, par un acte reçu de Monsieur  Capdeville notaire, que j’étais de naissance à  avoir une épée et deux paires de pistolets »
 
1689 – « Le dimanche 12 juin, ma mère est décédée … le soir même j’envoyais le sieur Goudail avertir le curé de cette mort et ayant dit qu’il ne voulait point l’ensevelir je lui ai fait une fosse dans mon jardin, à Cap de Port, proche le pied de sauge. Et la nuit l’ayant fait mettre dans un coffre elle a été ensevelie par mes domestiques avant le jour. »
 
1691 –  «Le 21 décembre, le Procureur du Roy est venu me dire qu’hier Monsieur Contenson, chirurgien, lui avait remis un écrit de sa main contenant dénonciation contre moi d’avoir fait rebâtir ma maison de Laroque, démolie par ordre du Roy, et que je ne faisais pas les fonctions d’un catholique, ni ma famille.» 
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- La pression : les textes signés par le Roi – Fin XVII° siècle
 
Les ordonnances royales indiquent bien que le pouvoir est décidé à régler le problème de la R.P.R. par son éradication totale. Ces textes ne laissent aucun répit à la communauté protestante, en espérant amener  chacun de ses membres à céder de gré ou de force, de guerre  lasse.
 
- Les ordonnances autorisant la main mise sur les biens du Consistoire après inventaire, sont effectives à Monflanquin dès 1686.
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« Etat des sommes qui étaient dues au Consistoire de ceux de la Religion Prétendue Réformée ou qu’on supposait être dues soit pour l’entretien du Ministère soit pour celui des pauvres de la ville en juridiction de Monflanquin. Recueillis sur divers Mémoires par l’Ancien, S… [illisible] qui était en charge en l’année 1682 et qu’il remet pour satisfaire aux ordres de Sa Majesté aux mains de Monsieur M° de Becays, avocat en Parlement et juge royal dud. Monflanquin. » (54)
 
Suit, sur sept grandes pages calligraphiées, une liste de cinquante noms avec inventaire des biens concernés. Le tout se termine par « A  toutes ces pièces sont ajoutées sept autres pièces servant de titres concernant l’acquisition faite par ceux de la R.P.R. de Monflanquin, des maisons, places et jardins sur lesquels a été édifié le temple neuf ou par le cimetière de plusieurs particuliers en date de 1641, 1676, 1680 et 1681 … au dit Monflanquin de jourd’hui 4 mai 1686. »
 
- Les Lettres de Réhabilitation sont une arme redoutable entre les mains de la monarchie, dans une société où les titres ont une place très importante. La Lettre à Jean-Jacques de Percy en est un exemple parmi d’autres :
 
« J’ai reçu de Jean-Jacques de Percy sieur de Combes, petit-fils de Daniel Percy réhabilité par Lettres du 4 décembre vérifiées le 8 mars 1640, la somme de 700 livres à laquelle a été taxé au Conseil du Roy par le rolle arrêté en ycelui le onzième jour de avril 1695 en « exécution de l’Edit du mois de décembre 1692. Vérifié au besoin a été : pour jouir par luy, les enfants nés ou à naître en légitime mariage de l’effet d’ycelle. Sans qu’à l’avenir, pour quelque cause et raison que ce soit ils puissent être recherchés, ni tenus de rapporter autres titres ni preuves de Noblesse que lesdites Lettres de Réhabilitation et la présente quittance. Lesquelles leur tiendront lieu à l’avenir et produiront le même  effet que des Lettres de Confirmation de Noblesse ?  Fait à Paris le vingt troisième jour de avril mil six cent quatre vingt quinze. »
 
Moyen donc pour le Roi de faire sentir aux Protestants, fussent-ils Nobles,  toute la force de « son  bon vouloir ». Ce document démontre qu’en 1598 déjà Henri IV avait utilisé le procédé pour s’attacher les personnes et marquer ainsi la puissance d’une monarchie stabilisée par ses soins … A la fin du XVII° siècle il s’agit pour le Roi de faire plier les Protestants et de les maintenir dans le choix annoncé ; la mise en garde est précise dans le passage : « les enfants nés et à naître en légitime mariage » c’est à dire devant le curé.
 
La volonté est manifeste de museler cette Noblesse protestante terrienne, autour de laquelle gravitent les ruraux appartenant à la R.P.R.
 
Dans tous les cas de figures le Roi trouve là une source de revenus non négligeable dont la conséquence au demeurant est de multiplier les Offices et d’accroître la Noblesse de Robe.
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- La pression : les militaires et le clergé – Fin XVII° siècle
 
Les protestants restés sur place, à l’instar de la famille Vernejoul, ont pu croire qu'une fois la crise passée les choses s'arrangeraient. Aussi supportent-ils avec patience les duretés du moment. En attendant ce retour à des temps meilleurs, ils sont soumis, au quotidien, à la pression des militaires et du clergé.
 
Les soldats sont toujours installés à Monflanquin, pour qui ils sont une charge très lourde. Mascaron venant en visite à Monflanquin confirme cette présence déjà mentionnée par Castillon et de Vernejoul. L’évêque signale en effet que le 26 août 1687, il trouve, à une demi-lieue de la ville où il arrive, un capitaine de chevaux avec sa compagnie qui vient au-devant de lui, lequel capitaine après lui avoir fait son compliment l’accompagne jusqu’au logis qu’on lui avait préparé. (42)
 
Autre pression : celle exercée par le clergé. Mascaron, évêque d’Agen, reste sept jours à Monflanquin, l’année même de la destruction du temple, jours pendant lesquels il a diverses conférences avec les nouveaux convertis. Le dimanche 31 août, en fin de séjour, il y prêche et le 1° septembre il s’en va, laissant derrière lui cinq récollets en mission.
 
Deux ans après, une autre mission est réalisée. Elle a, selon ses responsables, beaucoup de succès mais surtout auprès des anciens catholiques….
 
Le 27 décembre 1699 M. de Coquard, curé de Calviac écrit à l’évêché d’Agen : « Il y a des siècles que mission n’a été aussi magnifique que celle que M. Thiebaut fait actuellement ici. Il y a depuis le lever du soleil jusques au coucher environ mille cinq cents personnes dans nostre église, parmi lesquelles il y   a plus de cent nouveaux convertis. J’espère que Dieu bénira leur travail surtout si vous avez la bonté de prier pour ce pays abandonné. » (42)
 
Cinq mille convertis en 1685 et, quinze ans plus tard, cent convertis seulement présents lors d’une mission qui est indiquée comme une grande réussite. Il n’est guère possible pour le clergé de parler de succès  … Il n’est donc pas surprenant de trouver à Monflanquin, envoyé et payé par le gouvernement, un missionnaire royal, sorte d’agent d’une police spéciale. Le rôle de ce fonctionnaire est non seulement de prêcher mais de rechercher les réfractaires plus ou moins dissimulés et de les dénoncer au pouvoir qui doit juger et appliquer les sanctions prévues… Il est là pour renforcer la pression exercée sur la communauté protestante avec l’appui des curés sédentaires ou en dépassant leurs exigences.
 
En 1700 le missionnaire envoyé à Monflanquin s ‘appelle Jean Armand de Seilhade dont le zèle contraste aussitôt avec la démarche plus pragmatique du clergé local. Il commence par se brouiller avec le curé M. Molinier à qui il reproche les pires compromissions avec les faux convertis. … Il lui signale même par huissier « qu’il ne croit pas pouvoir avoir aucune relation avec lui. » qu’il accuse de marier les nouveaux convertis moyennant quelque argent ! … En même temps il met en demeure l’administration diocésaine d’agir : « J’ose vous représenter que votre charge vous oblige de travailler à le faire placer ailleurs ».
 
Les nouveaux convertis sont soumis à son autorité sourcilleuse. A propos d’un certificat de catholicité à M. Listrac il écrit : « J’y ai différé jusques à présent … Il est vray que l’ay vu trois fois aux sermons et une fois deux de Messieurs ses enfants mais jamais à la messe ni à vêpres…. Je ne crois nullement converti. »
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- L’obstination des Protestants – Début  XVIII° siècle
 
La déclaration du 5 mars 1715 affirme qu’il n’y a plus de Protestants dans le Royaume, c’était faire preuve de beaucoup d’optimisme puisque la déclaration du 14 mai 1724 revient aux rigueurs de la Révocation. Preuve s’il en était besoin que les Protestants n’ont pas été éradiqués.
 
En Agenais, François Hébert, évêque d’Agen de 1704 à 1728, déclare n’avoir pas rencontré moins de quarante mille protestants dans son diocèse d’Agen au cours de ses tournées pastorales.
 
·      Les Archives de l’évêché d’Agen donne un relevé précis de la situation à Monflanquin avec le « Mémoire des Prétendus Réformés de Monflanquin » rédigé par Jean Armand Seilhade, missionnaire royal ; relevé systématique , minutieux. En effet la méthode M. de  Seilhade, est d’établir des fiches sur toutes les personnes suspectes à ses yeux. Fiches qui lui servent à étayer ses dénonciations … Il le dit lui-même dans son courrier à l’évêque d’Agen : « Je travaille à faire l’estat que Monseigneur m’a demandé … ».
 
Il dénonce en particulier « les plus obstinés qui ne se contentent pas de ne faire aucune fonction de catholiques mais encore empêchent que ceux qui auraient de bonnes intentions ne fassent leur devoir à Monflanquin  …», parmi lesquels (54) :
 
« Jean Carilhou, bourgeois, est un homme dangereux en matière de religion … Il a  beaucoup de biens et est regardé comme le chef du canton … »
 
« Dans la paroisse, juridiction de Monflanquin, M° Jacob de Maturin, frère du Ministre qui est encore une personne très dangereuse … »
 
« Besoin  pressant de s’assurer de Marie Cambon … et Marion Rey qui font le métier de prophétiser comme faisait la bonne de Maturin qui fut défaite à Libourne … elles retournées en ville quoiqu’on les en est chassées.»
 
« Jacques Pons, confiseur, qui est originairement à Fumel est aussi une peste en matière de religion. Il ne garde aucune mesure  … en faisant profession d’aller au cabaret comme chef des joueurs et des libertins pendant les Saints Offices … C’est encore lui qui est le dépositaire de toutes les lettres des pays étrangers pour les communiquer aux autres. »
 
·      Après le départ de ce missionnaire redoutable les curés en place préfèrent ménager les personnes et menacer avant de s’en prendre aux revenus des « délinquants ».
Dans un premier temps le curé mande le « suspect », lui adresse de « fraternels reproches » et le met en garde contre « les affreux malheurs suspendus sur sa tête » … Quand son auditeur cède, le curé lui fait signer un billet dont voici un modèle : « Je, Marc Touelhe, M° Menuisier, soussigné, pour preuve de ma sincérité … librement et sans contrainte, l’abjuration des hérésies de la R.P.R. et la profession de la religion catholique, apostolique, romaine … je m’engage, qu’au cas où je serais assez malheureux de désister des exercices ordinaires et essentiels de lad. Religion, de consentir de remettre au Sr Alquier, syndic de la paroisse, la somme de soixante livres pour être employées aux réparations de l’église ».
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- Culte familial et pasteurs clandestins – Début XVIII° siècle
 
Malgré toutes ces pressions, tracasseries, vexations, beaucoup de Protestants sont restés fidèles à leur religion traquée. La clandestinité même de cette démarche rend difficile son analyse. Quelques points de repère existent cependant :
 
- Pierre de Vernejoul avoue pour sa part l’existence de ce culte familial, chez lui : « Ayant été forcé de signer une abjuration, je ne puis vouloir aller faire des fonctions d’un catholique romain par hypocrisie ni profaner leurs mystères. Mais je demeure dans ma maison priant Dieu selon ma religion. »
                       
Les Archives de l’évêché d’Agen en conservent également la trace, au travers de rapports qui lui étaient adressés puisque   les Protestants étaient soumis à un véritable réseau de surveillance  (55) :
 
« La demoiselle de La Fontaine reçoit des visites tous les jours de dimanche au château de Born pendant qu’on est à la messe, et il se rend auprès d’elle sept ou huit personnes, entre autres le nommé Laplaine de Monthau obstiné hérétique qui a été domestique [ illisible ] arpenteur de Paulhiac. »
 
« Jean Cayrouna sieur de la Bruyère est aussi regardé comme chef de bande. Faisant le docteur, il donne sa maison pour faire une académie où il se fait de grandes assemblées sous prétexte de jouer. »
 
« David Biau fait profession ouvertement d’aller chez les malades leur prêcher à sa façon, leur faire la lecture de quelques livres défendus pour les confirmer dans leurs erreurs. 
 
- Autre forme de maintien du culte : la présence de Pasteurs clandestins parmi lesquels se trouve * Gabriel Maturin. (56) (·  Douen dans son ouvrage «les premiers pasteurs du désert  »conteste cette version et affirme que  l’ignorance subsiste sur  les dates précises de son arrestation, de sa délivrance, de sa mort. Pour lui  il n’alla ni à l’île Sainte Marguerite, non plus à la Bastille, non plus aux galères. (48))
 
Maturin Gabriel, d’abord pasteur à Monflanquin puis à La Réole, réfugié à Dordrecht après sa libération de la prison de Château Trompette, installé comme Ministre extraordinaire d’Arnheim en avril 1687 … Il rédige un ouvrage mais il ne se contente pas d’écrire, il veut agir. Il fait part au synode de son désir d’aller «  prêcher sous la croix » et le 25 août il rentre incognito dans sa patrie.
 
Arrêté à Paris, sous le nom de Lestang, le 16 avril 1690, chez un certain Mallet son coreligionnaire. Il va expier dans les îles de Sainte Marguerite, par une captivité de vingt cinq ans, le crime d’être rentré en France et d’y avoir prêché l’Evangile malgré la défense du Roy.       
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- Le renouveau : les Eglises du Désert – Première moitié du XVIII° siècle
 
Peu à peu, secrètement, les Eglises du Désert se reconstituent, souvent avec l’aide de Pasteurs clandestins comme Maturin Gabriel. Entre 1752 et 1760 ont été dénombrées vingt cinq Eglises du Désert dont l’organisation est des plus sobres comme le rappelle un témoignage de l’époque :
 
« Des piquets reliés les uns aux autres par une corde formaient une enceinte circulaire consacrée aux fidèles, chaque plier supportait une chandelle. La chaire était adossée à un arbre sur l’un des points de la circonférence … Hors de l’enceinte et convenablement éloignée étaient placés les hommes de confiance chargés de surveiller les alentours … 
La lecture de la parle de Dieu, la prière, la prédication, le chant des psaumes, la Sainte Cène, ma bénédiction des mariages et la célébration des baptêmes occupaient presque toute la nuit ». (57)
 
Un pasteur zélé, Antoine Court (1696 – 1750), qui a su gagner la bienveillance du Régent en contrecarrant les projets d’Alberoni, vient rétablir l’organisation protestante dans le royaume. Dès 1715 il réunit un synode provincial à Nîmes et de 1726 à 1763 vont se succéder huit synodes nationaux.
 
Une lettre de Court datée de 1726, et signée de son pseudonyme, donne un aperçu de la situation en Agenais :
 
« Quelle gloire pour vous si par vos soins redoublés vous pouviez parvenir à remettre sur pied tant de belles églises … Tonneins, Clairac, Castelmoron, *Monflanquin, Montaud, Castelnaud de Gratecambe, etc. … qu’il y avait autrefois dans le canton …C’étaient autant de lieux qui formaient autant d ‘églises et qui composaient le Colloque du Haut Agenais … Vous avez besoin de beaucoup de prudence et de ménagement, de dextérité surtout dans le commencement ».(* On peut se demander si la grotte Robert entre Laroque et Montaud n’a pas servi  de lieu d’accueil à une de ces Eglises  du Désert. D’abord parce qu’elle se trouve à l’abri des bois de St Paul.  Ensuite parce que l’on y trouve gravée une croix sur l’une des parois. Simple hypothèse.)
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 - Le quartier de Monflanquin – Seconde moitié du XVIII° siècle
 
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Dans les années 60 le climat social et religieux change. La prospérité des Réformés, réfugiés dans le négoce car chassés officiellement des charges publiques et de toutes les professions libérales, est un élément de prospérité générale que ne néglige pas l’Intendant de Guyenne.
 
La correspondance du pasteur de Monflanquin, Renouleau, avec les pasteurs  du  Poitou  entre  1764  et  1768,  dans le  respect   du synode national qui a ordonné « qu’une  exacte  correspondance  soit  entretenue  entre  toutes  les Provinces du Royaume » (12) , permet d’appréhender à Monflanquin l’évolution en cours:
 
- « En date du 9 avril 1764, nous jouissons grâce à Dieu d’une grande tranquillité dans notre Province … Notre Assemblée Provinciale a fixé à chaque pasteur son quartier       et m’a alloué celui du Haut Agenais : c’est le quartier de Monflanquin. … Il faudra donc que vous m’adressiez vos lettres sous enveloppe de R. Labissière jeune à Fumel, par Villeneuve d’Agen ».      
 
- En date de 3 octobre 1764  nouvelle lettre : «  Fin juillet … le Maréchal de Richelieu, Gouverneur de cette Province, a chargé le comte de Beaumont, gouverneur de Bergerac, avec ordre de n’y pas contraindre par menaces ni aucune persécution d’engager de faire porter tous les enfants baptisés par les pasteurs à l’Eglise Romaine pour y recevoir les cérémonies de cette Eglise … et être enregistrés sur les Registres de la Paroisse … Seul point noir de ce schisme Dubois ». 
 
- En date du 3 janvier 1765 : «  On continue de nous tracasser … c’est à dire pour les baptêmes seulement, on met tout en œuvre … je ne sais plus de quel côté me tourner pour qu’on laisse mes gens tranquilles. Je les ai menacés de les abandonner s’ils ne montraient  pas plus de fermeté  (dîtes-moi si je dois le faire ?) … Pour le reste, nous jouissons de la même tranquillité que les autres quartiers … Il faut observer que nous n’avons pas de paysans … Je n’ai que sept à huit cents personnes quoique mon quartier soit étendu de dix lieues ».
 
- En date du 25 juillet 1765 : «  Quand le contre avis est arrivé, nos députés étaient sur le point de partir, toutes les dépenses étaient faites. Le malheureux Dubois soutient toujours son parti schismatique … Il est à craindre même que le parti ne se grossisse car il suffit quelque fois qu’une chose soit défendu pour qu’on le recherche. C’est là une terrible écharde que nous avons ».  Pour le reste  «  nous sommes assez tranquilles ».
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 - Restructuration de l’Agenais – Seconde moitié du XVIII° siècle
 
Cette attitude de « reconquête » explique que l’Eglise Protestante va franchir une nouvelle étape. Après le culte familial, les Eglises au Désert vient le temps de la réorganisation, de la restructuration de l’Agenais. (59)
 
Dès 1752, sous l’impulsion du pasteur André Grenier de Barmont, s’organisent les églises de cette région … En 1763 le Synode National décide de la constitution de la province Périgord – Agenais, jusque là rattachée à la Saintonge. Le premier Synode de la nouvelle province se tient en décembre de la même année …  Le Synode de la province Périgord – Agenais des 7 et 8 mai 1771 met en valeur les dissensions du protestantisme agenais dans cette deuxième partie du XVIII° siècle. Avec, pour toile de fond de la vie des églises de la région, le schisme Dubois qui perdurera pendant trente ans.
Mais pour Monflanquin c’est l’affaire Renouleau qui prend le pas et envenime les rapports de la communauté protestante.
 
Renouleau, dont le pseudonyme est de l’Etain, appartient à une vieille famille protestante de Royan. Il est admis en 1761 comme pasteur en Agenais après ses études à Lausanne …
 
Jean Renouleau est un homme de caractère comme sa première affaire l’atteste.   Au Synode de 1763, l’article 2 des Actes déclare que le pasteur Renouleau est condamné pour avoir qualifié M. Viala, pasteur de Tonneins, d’indolent et M. Dupuy, proposant, d’entêté. Cette première condamnation ne semble pas porter à conséquence au pasteur de Monflanquin puisqu’il est nommé secrétaire adjoint du Synode du Périgord – Agenais en 1765, comme il le sera encore au Synode suivant de 1766. (60)
 
La seconde affaire par contre sera plus grave, en 1769. Cette fois il s’agit de son mariage, enregistré le 17 décembre 1768 avec Marianne Fournye de St Amans. Le Synode de Périgord – Agenais le suspend «   sur les imputations qu’il a malversé avec mad. Son épouse avant la bénédiction nuptiale qui leur fut faite. »
 
En 1769 il est d’abord suspendu puis «  on lève sa suspension, l’autorisant d’exercer partout où il sera légitimement appelé excepté dans le quartier de Monflanquin, composé des églises de Monflanquin, Libos et Castelnaud, à cause des dispositions actuelles d’un grand nombre de fidèles contre lui. » Renouleau «  refuse de s’incliner, soutenu par une partie de ses paroissiens »
 
A cette occasion transparaissent deux sujets importants pour la communauté protestante du Second Désert : en premier lieu le mariage et en second lieu les risques de schisme. Sur les deux plans l’affaire Renouleau est significative.
 
En matière de mariage il semble en effet que les relations sexuelles antérieurs à la bénédiction du mariage aient eu tendance alors à se multiplier dans la région. Peut être parce que, pour certains, en bonne théologie calviniste, l’homme et la femme ne sont pas mariés par l’église ni par l’état mais se marient eux-mêmes. Certainement, pour la plupart, en raison des retards inévitables que supposent les cérémonies d’une organisation religieuse entièrement clandestine. (61)
 
C’est cette dérive que condamne l’article 15 du Synode d’août 1765, celui là même où Renouleau est secrétaire adjoint. Le Synode condamne «  ce crime énorme » dont l’assemblée se dit « véritablement affligée » en édictant des peines sévères contre ceux qui s’en rendraient coupables … Quatre ans plus tard l’accusation que porte contre Renouleau son propre beau-père est donc particulièrement grave. Aussi est-il suspendu.
 
Renouleau fait appel en 1770 au Synode de la  province voisine, la Saintonge, qui eu égard au consentement donné par la belle famille au mariage, à la rétractation orale puis écrite du beau-père, au certificat du chirurgien et au témoignage par écrit de la femme chez qui Madame Renouleau a accouché sept mois et un jour après la bénédiction, «  lève sa suspension, l’autorisant d’exercer partout où il sera légitimement appelé excepté dans le quartier de Monflanquin, composé des églises de Monflanquin, Libos et Castelnaud, à cause des dispositions actuelles d’un grand nombre de fidèles contre lui. »
 
Et c’est là que se présente le risque de schisme car Renouleau «  refuse de s’incliner, soutenu par une partie de ses paroissiens ». Au Synode de juin 1776, auquel assiste Louis de Védrines en tant qu’Ancien, la brouille n’est toujours pas réglée et Renouleau accepte qu’une commission soit nommée. Mais comme le Synode nomme un nouveau pasteur Jacques Sol dit Elios, venu de Montauban, pour desservir le colloque de Monflanquin, Renouleau interrompt le dialogue amorcé et se maintient.
 
Dès lors il y a deux pasteurs concurrents sur le même territoire, ce qui est révélateur des difficultés du système presbytéro – synodal théoriquement caractéristique du calvinisme français mais souvent déformé par les tendances autoritaires de certains pasteurs, voire par les tendances congrégationalistes de certaines églises.
 
Et c’est ainsi qu’à Monflanquin la population protestante, après avoir traversé victorieusement un siècle de clandestinité a beaucoup moins supporté la paix retrouvée … se divisant à propos d’un mariage ! 
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7- Fin  de  l’Ancien Régime : 1787 – 1789
 
- L’Edit de Tolérance – Novembre  1787
 
L’Edit de novembre 1787 « concernant ceux qui ne font pas profession de la religion catholique », désigné généralement sous le nom d’Edit de Tolérance, vient conclure cette évolution bénéfique aux Protestants.
 
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En effet le 17 novembre 1787, Louis XVI signe à Versailles ce texte de 37 articles qui reconnaissent principalement aux non-catholiques : le droit de vivre en France et d’y exercer une profession ou un métier sans être inquiétés pour cause de religion ; la permission de se marier légalement devant les officiers de justice ; la permission de  faire constater les naissances devant les juges du lieu ; la possibilité de régler le problème des sépultures.
 
Les articles 17 à 20 prévoient que dorénavant les mariages des non catholiques peuvent être déclarés devant des officiers de justice et non plus seulement devant les curés ou vicaires. De plus les unions antérieures peuvent être réhabilitées dans le délai d’un an, pourvu que les époux en apportent la preuve et déclarent le nombre, l’âge et le sexe de leurs enfants comme le prévoit l’article 21. Cette disposition permet de jouir de tous les droits d’un mariage légitime, notamment en matière d’héritage. (62)
 
Le problème des enfants, réglé par l’article 21, n’était pas des moindres puisqu’il créait jusque là  des contradictions de plus en plus difficiles à résoudre :
 
D’abord entre le pouvoir civil et l’église catholique. En effet les autorités civiles, marquées par les prises de position des philosophes contre la contrainte et surtout préoccupées du nombre de sujets sans état-civil dans le royaume, ne sont plus disposées à apporter à l’église catholique une aide aveugle
 
Ensuite, à l’intérieur même de l’église catholique, les curés ont matière à réflexion théologale quand ils sont dans l’obligation de baptiser un enfant dont les parents ont eu un mariage non connu de l’église, ou bien qu’on dit avoir été mariés au Désert. D’ailleurs le juge royal, chargé de l’enregistrement en 1789, utilise une phrase qui révèle son embarras pour définir le mariage protestant : «   Depuis leur cohabitation trois enfants … ». On peut juger de la réaction des représentants de l’Eglise Catholique au moment de baptiser ces enfants nés dans de telles circonstances, condamnées par l’Eglise.
 
La solution apportée à la question protestante par la monarchie, après un siècle d’oppression / résistance, aboutit à la distinction et la séparation du pouvoir civil et du pouvoir ecclésiastique. Au fond ce qui se débat ici c’est l’un des plus importants et des plus graves problèmes des sociétés modernes : celui de la tolérance et de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
 
L’Edit de Tolérance règle en partie la séparation de l’Eglise et de l’Etat en ce qui concerne l’état-civil mais laisse absent l’agrément de la pratique religieuse, Louis XVI prenant la peine de préciser :  «  L’Edit concernant mes sujets non catholiques se borne à donner dans mon Royaume un état-civil à ceux qui ne professe pas la vraie religion … . C’est là son seul objet. Avant la Révocation de l’Edit de Nantes, les Protestants avaient une existence religieuse, mon Edit ne leur en donne aucune. »
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- L’état-civil des Protestants – Avant et après l’Edit
 
Avant que l’Edit de Tolérance ne soit signé, les Protestants se sont adaptés à la situation qui leur était imposée. Que ce soit pendant la période du « premier Désert » ou celle du « second Désert », c’est à dire sensiblement avant ou après 1750.
 
Durant la première moitié du XVIII° siècle beaucoup de Protestants, ne se sentant pas le courage de vivre sans état-civil, jurent tout ce que les prêtres leurs demandent et font ce qui est exigé. Mais leur mariage enregistré et béni ils ne retournent plus à l’église et « vont au Désert », ce  que les historiens nomment « le premier Désert ».
 
Dans la seconde moitié du XVIII° se développe « le second Désert ». En effet le gouvernement royal, accaparé par la guerre de Sept Ans, n’a pas les moyens de mener la répression comme le voudrait le parti des Dévots, alarmé par la persistance de la communauté Réformée. De plus l’affaire Calas marque la prise de conscience du problème protestant par le monde des philosophes et aboutit à développer dans l’opinion publique un véritable complexe à l’encontre de la manière forte. Enfin la sécularisation de l’administration, dont les officiers sont le plus souvent sensibles aux prises de position des philosophes, pousse à une relative tolérance.
 
Dès lors les protestants se dispensent même de prendre contact avec le curé, contrairement à la période précédente, et se marient devant un pasteur. Un exemple parmi d’autres à Monflanquin : l’acte de mariage de Jean de Laborde et de Suzanne Dangeau le 26 juillet 1767, avec pour témoins Pierre de Michel, Antoine Lalbie, Claude Cayrose et Jean Brugaillières, est signé par le pasteur Renouleau et non un curé … Parallèlement le curé ayant à enregistrer des baptêmes, mode d’inscription à l’état-civil, reconnaît soit que le mariage des père et mère « ne lui est pas connu » soit « qu’on les dit avoir été mariés au Désert » (47).
 
Une lettre de Lafayette adressée en mai 1785 au général Washington résume la situation : « leurs mariages ne sont pas légaux, leurs testaments n’ont aucune force de loi, leurs enfants sont considérés comme des bâtard, leurs personnes sont pendables. » (63)
 
Le 17 novembre 1787 l’Edit de Tolérance. Il n’est appliqué qu’avec retard à Monflanquin. En effet le Parlement de Bordeaux en exil à Libourne fait littéralement grève et n’enregistre aucun acte royal Il faut attendre février 1789 pour que le Parlement condescende à signer … Il faut attendre   juin 1789, alors qu’à Versailles les tensions montent de façon inattendue pour le Roi, pour que le texte soit enfin   enregistré par le greffe de Monflanquin   «  en faveur des non-catholiques, aux fins de constater également leurs états civils » comme l’écrit le juge royal investi de l’autorité de procéder à cette régularisation …
 
Le 15 juin 1789 le registre des mariages protestants est ouvert à Monflanquin (64), il est clos quelques mois plus tard,  le 2 janvier 1790.
 
·   Louis de Védrines donne l’exemple dès le 16 juin 1789 :
 
« Noble Louis de Védrines ancien lieutenant d’Infanterie et Dame Marie de Védrines son épouse, habitants du lieu de Martel paroisse de Roquefère. Lesquels ont dit que désirant satisfaire à l’Edit Royal daté de Versailles 17 novembre 1787 et enregistré au Parlement de Bordeaux le 9 février dernier et au greffe du présent siège le jour d’hier .. Ils nous déclarent être unis depuis le 15 septembre 1783 du consentement de leur mère ainsi que celui de leur plus parents, qui ont signé leur contrat de mariage le 28 juin 1783 retenu par Monsieur Rey notaire royal de cette ville, leur père étant décédé longtemps avant leur mariage … et avoir eu depuis leur cohabitation trois enfants, savoir deux filles Magdeleine et Elisabeth toutes deux décédées en très bas âge et Antoine âgé d’environ vingt cinq mois. Pour la sincérité de leurs déclarations se sont présentés sieur Jacques Brugalières et Pierre Malespine négociants, Etienne Baffoi M° en chirurgie et Jean Saint Bris bourgeois. »
 
C’est là une déclaration type de la reconnaissance des mariages protestants à Monflanquin en 1789. On la retrouve pour les familles qui vont suivre : Brugalières, Biou, Lacroix, Amouroux, Laparre, Fournyé de St Amans, Vernejoul, Labbie, Moret, Becays de la Bruyère, Eyma, Carret, Griffoul, Garrigou, Dermichel, Lalbie, Augier, Renouleau, celui là même qui avait tant troublé la vie de la communauté, pour l’heure regroupée autour de son pasteur officiant Jalabert.(50)
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- La communauté des Protestants en 1789
 
En cette année de 1789, les Protestants retrouvent une partie de leurs droits alors que la monarchie absolue et de droit divin, dont ils ont tant eu à souffrir, arrive à son terme. Leur résistance a raison du parti des Dévots et met en danger la conception « un Roi, une Religion ».
 
Mais qui sont les protestants de Monflanquin en cette fin de XVIII° siècle ? Renouleau livre des indications précieuses dans une de ses lettres de 1765,  d’abord sur le nombre: « Je n’ai que sept à huit cents personnes quoi que mon quartier soit étendu de dix lieux »… ensuite sur l’éventail sociologique : « Il faut observer que nous n’avons pas de paysans ».
 
Avant que de tenter des évaluations il faut souligner que le quartier administré par Renouleau excède la seule juridiction de Monflanquin qui couvre le registre tenu par le juge royal … A cela s’ajoute le fait que l’enregistrement ne prend pas en compte   tous les  Protestants de la juridiction,  certains  ne faisant pas l’effort de se déplacer. Dans ces conditions, la centaine de personnes que représentent les conjoints, les enfants enregistrés, les parents, les témoins, ne permettent qu’une réponse parcellaire sur la communauté protestante et qui ne peut être proposée qu’avec prudence.
 
La liste des témoins de ces mariages à Monflanquin (65) conforte cependant l’idée du nombre limité de cette communauté : souvent les mêmes personnes sont obligées de témoigner plusieurs fois à des mariages successifs. Il en est ainsi pour Brugalières, Malespine, St Bris, Augier, Gorre, Fray .. . Lequel Augustin Fray pose un problème. En effet il est procureur de Monflanquin bien que Protestant, ce qui laisse supposer que la « chasse aux religionnaires » n’est plus inquisitoriale depuis quelque temps déjà. Autre détail intéressant à son propos : il affiche son titre le 7 décembre avant même le décret de l’Assemblée Nationale donnant accès à tous les emplois. Car ce n’est que le 28 décembre 1789 que Louis XVI envoie ses Lettres de Patente, en forme d’Edit, qui mettent en vigueur le décret de l’Assemblée Nationale du 24 décembre selon lequel « les non catholiques sont capables de tous les emplois civils et militaires, comme les autres citoyens » …
 
La liste des mariages de Monflanquin, dans sa globalité, confirme, quant à elle, le nombre réduit de paysans. Ils ne sont représentés que par Biou et Laparre, tous deux mentionnés en tant que « laboureurs ». Par contre plus du tiers des couples est constitué par des Nobles comme de Védrines. Fait significatif, il donne l’exemple en se présentant le premier, il ouvre en quelque sorte la voie. Les paysans, les journaliers surtout manquent à l’appel. Ils se déplacent moins facilement et surtout ne gagnent rien à l’application de l’Edit de Tolérance : la liberté de culte public leur est toujours refusée officiellement et la possibilité d’héritage légal ne les concerne pas. Donc peu nombreux, de l’aveu de Renouleau, les paysans sont encore moins nombreux à se faire inscrire sur le registre du juge royal. D’où une estimation délicate, dont les résultats sont à prendre avec précaution.
 
Au total, la communauté protestante de la juridiction de Monflanquin regroupe à la fin du XVIII° siècle, après sa longue traversée du Désert, essentiellement des Nobles, des bourgeois, avec quelques représentants des autres groupes sociaux. Mais en tout état de cause tous ceux qui sont déclarés sont des possédants dont le mariage s’accompagne d’un acte passé devant notaire.
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- Les moyens de sauvegarde de la communauté protestante
 
La monarchie a contraint les Protestants à se maintenir dans le seul champ économique, à l’exclusion des autres Dès lors à Monflanquin le groupe Protestant est constitué de détenteurs de biens de production, assuré d’une certaine aisance financière Le noyau central de ce groupe socio-économique rassemble des familles de propriétaires fonciers, d’anoblissement au cours du XVII° siècle, avant la Révocation.
 
Ce système socio-économique sort renforcé par l’endogamie pratiquée pendant cette longue période du Désert. Cette endogamie, qui ne fait que prolonger celle communément pratiquée dans les milieux nobles, a ici une fonction supplémentaire : le maintien d’une religion.
 
 Le même objectif recherché par les bourgeois et les laboureurs Protestants, plongés dans le même contexte difficile voire hostile, leur a fait adopter une attitude identique.
 
On voit ainsi de proche en proche, pour des raisons identiques, se profiler une nébuleuse socio-économique à base religieuse dont le centre est la paroisse de Roquefère avec des prolongements dans les paroisses de Monflanquin, St Sernin de Labarthe, St André, Boinet et Galayssac.
 
Ce moyen de défense du groupe a été facilité par la permanence la résistance du milieu huguenot à la pression du pouvoir et de l’Eglise Catholique. Cette résistance s’est au demeurant structurée avec l’arrivée des pasteurs du second Désert et la présence de Renouleau dont l’action a renforcé la volonté continue d’un groupe humain déterminé à sauvegarder ses valeurs. Dès lors le groupe socio-économique à base religieuse tend à s’installer dans la permanence.
 
Autre mesure de défense à l’encontre des risques de disparition : le groupe en outre s’appuie sur une forte natalité. Le pasteur Renouleau en est un exemple avec ses douze enfants vivants. En effet il faut compter avec la mortalité infantile : Jean Labbie annonce un enfant vivants pour quatre décédés … Becays/Dubourg quatre enfants vivants mais cinq décédés …
 
D’une façon générale, les nobles propriétaires fonciers ont de trois à six enfants vivants tandis que les autres ont un ou deux enfants à charge. Une distinction interne au groupe humain se fait donc jour reposant à la fois sur une distinction et une aisance financière. Une pratique qui permet en particulier au sous-groupe central des nobles, riches propriétaires fonciers, d’assurer sa pérennité pour se projeter dans l’avenir, le moment venu.
 
Ce fait Protestant s’est déployé à la vue et au su de tout un chacun. L’Eglise Catholique n’a pas été en mesure de l’endiguer comme elle le souhaitait. L’autorité civile n’a plus voulu le canaliser. Dans la vie quotidienne, de Monflanquin tout au moins, la population n’en fait pas sa préoccupation majeure.
 
Groupe socio-économique à base religieuse, fortement minoritaire mais disposant de ressources, l’ensemble Protestant de Monflanquin en 1789 attend de la Monarchie que soit complété rapidement l’Edit de Tolérance et l’Edit de décembre qui viennent d’être signés.
 
Dans l’instant, ce groupe constate que sa longue résistance, feutrée, tranquille mais efficace, aux côtés des autres Protestants de France, a finalement forcé le Roi à adopter en matière d’état-civil une solution qui amorce la séparation de l’Eglise et de l’Etat, solution à laquelle le groupe adhère puisqu’il sort immédiatement de sa semi-clandestinité.
 
Pour l’avenir, ce groupe, dont le loyalisme monarchique ne s’est pas un seul instant démenti et largement prouvé aux armées du Roi, aspire essentiellement à des réformes qui lui restituent une place entière dans le royaume.
 
Quand l’année 1789 se termine il reste, aux yeux des Protestants, à leur restituer le droit à une église organisée dont la reconnaissance tarde….
 
 
Le dernier chapitre des rapports entre la monarchie et les Protestants sous l’Ancien Régime se ferme sur la disparition  de la monarchie et non pas de la Religion Prétendument Réformée.
La conclusion a de quoi surprendre plus d’un contemporain et donne matière à réflexion sur la permanence des idées et celle des régimes politiques.
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8-   Epilogue : Révolution, Consulat
 
Le 2 octobre 1789, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen élargit l’horizon des Protestants. L’article X  précise « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble point l’ordre public établi par la loi » … Application concrète de ce principe fondamental, L’Edit de décembre confirme l’égale admission de tous les Français à tous les emplois.
 
Le 15 mars 1790, le Protestant Rabaut-Saint-Etienne, dont le père avait été pasteur au Désert, est élu président de l’Assemblée Constituante et succède à cette fonction à l’abbé de Montesquiou. Succession riche en symbole.
 
La Révolution va entraîner des prises de position individuelles de la part des Protestants comme il en a été de tous les croyants. A Monflanquin l’ancien pasteur Jalabert va prendre un relief certain pendant la Convention dans les clubs populaires et finira quelques décennies plus tard son engagement en prenant fait et cause pour Napoléon au moment des Cent Jours.
 
Par contre une attente est commune à tous les Protestants : le droit à une église organisée. Bonaparte, premier Consul, voulant avoir autorité sur les Réformés grâce au serment de fidélité et à la nomination des pasteurs, va être le promoteur de cette organisation. Il met en place les deux Eglises protestantes par la loi du 18 germinal an X ( 7avril 1802). Cet acte marque dans la vie des Protestants de France le début de l’âge moderne. (63)
 
Dans la suite logique de ces dispositions, Napoléon signe le décret impérial du 18 fructidor an 13, soit le 6 septembre 1804, qui met « à la disposition du Consistoire de l’Eglise Réformée de Castelmoron l’église desdits Augustins de Monflanquin ».
 
 Ce décret est mis en application par la décision du préfet  en date du 8 avril 1806, il concerne « l’église, sacristie,  chapelle et le porche qui pourraient précéder la principale porte de la dite église, le dessus de la sacristie, de la chapelle ainsi que tout porche qui se trouverait placé à côté de la principale porte d’entrée ». Ce temple,   rue Ste Marie, marque dans la vie des Protestants de Monflanquin le début de l’âge moderne.
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Odo Georges
 
 
 
- 1  Odo g.   "Les débuts du protestantisme à Monflanquin au XVI° " - SLA 313   1991
-  2  Musée d'Agen "Histoire du Protestantisme agenais" - Agen 1965
-  3  Magot abbé « les temples protestants de Monflanquin » - R. A. 1913
-  4 Revue de l'Agenais XVI 2° série
-  5 Archives départementales d'Agen série B 45
-  6 Durengues Abbé "Anciens établissements religieux de Monflanquin" - R. A. 1922
-  7 Samazeuilh j.e." Histoire de l'Agenais" T. 2 p. - Auch 1847
-  8 Perotin Y. "Les anciens couvents d'Augustins d'Agen : Monflanquin" - R.A. 1956
-  9 Archives départementales d'Agen 18 J 24
-10 Revue de l'Agenais XXIX  2° série p. 522
-11 Revue de l'Agenais 1902 p.522
-12 Revue de l'Agenais 1966 p. 348
-13 Garrisson j. " Protestants du Midi 1559-1598" - Privat 1980
-14 Archives Nationales Paris : fonds français vol. 15.871 p. 119
-15 "Histoire de l'Agenais" - Agen 1941
-16 Odo g. « Débuts du protestantisme à Monflanquin » - SLA 1991 n° 313
-16b Odo g. " Les guerres de religion à Monflanquin, 1561-1598" -SLA  n° 390-391 1998
-17 Quintard a. « Monsempron-Libos, de la légende à l’Histoire » - 1989
-18 Odo g. « Monflanquin en 1562-1569 : Monluc-Thoiras » - SLA  n°330-331  1993
-19 Boudon de St Amans j.f. « Histoire du Lot et Garonne » - Agen 1836
-20 Miquel p. " Les guerres de religion" - Marabout 1980
-21 Lauzun  ph. « le château de Cauzac » R.A. 1896 p. 386
-22 Massip l. « Cancon en Agenais » - 1891
-23 Archives départementales d’Agen « E   3511 »
-24 Odo g. « Jurade de Monflanquin, fin XVI° - début XVII° » SLA 1997
-25 Livet g. « les guerres de Religion » - PUF 1983
-26 Fonda j. « Séjours et itinéraires de Henri IV » - R.A. 1968
-27 Cottret b. « 1598 l’édit de Nantes » - Perrin 1997
-27b de Bellecombe A. « Aide-Mémoire pour servir l’histoire de l’Agenais » Auch 1899
-28 Renouard a. « Histoire Universelle  de d’Aubigné a.» - T. VII - 1886.1909
-29 « Documents inédits sur l’Histoire de France » T. II - BN
-30 Cassany-Mazet a. « arrondissement de Villeneuve sur Lot » - Agen 1839
-31 Archives d’Agen « registre des réceptions de la Sénéchaussée » B 02   f° 80
-32 Cottret b. "1598, l'Edit de Nantes" - Perrin 1997
-33 Odo g. « La notice historique de 1841 » - SLA 1995   n°360 
-34 Odo g.. « Monflanquin bastide du XIII° siècle » - SLA 1994   n° spécial
-35 Odo g. « Claude Sarrau de Boinet » - SLA 1988   n° 271/272
-36 Odo g. « Monflanquin bastide du XIII° siècle » - SLA 1994   n° spécial
-37 Odo g. « Les remparts, fonctions de la bastide » - SLA 1987  n° 257/259
-38 Archives départementales d’Agen « H. 3 »
-39 Revue de l’Agenais 1982
-40 Odo g." Extraits des registres de la jurade 1635-1641" -SLA 1983/85  n°218 à 232
-40b Odo g. " Extraits des registres de la jurade 1654-1687" -SLA 1996   n° 344-345
-41 Odo g. " Notes sur le Temple " – SLA n° 267-268  1988
-41b Cassany-Mazet « Annales de Villeneuve sur Lot » - Agen 1846
-42 Durengues abbé « Monographie des paroisses du Lot et Garonne » A.A. - 18 J 24
-43 Revue de l’Agenais 1987
-44 Archives départementales d’Agen
-45 Odo g. « La révocation de l'Edit de Nantes » SLA 1985    n° 233 à 241  
-46 Vernejoul p. « Livre de Raison » - Archives familiales Vernejoul
-47 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français 1857 -  Robin p. 90
-48 Douen « Les premiers pasteurs du Désert » - BSHP  n° 7822
-49 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français 1884 p.10
-49b Tournier g. « les galériens protestants- XVII° et XVIII° » -Presses Languedoc 1984
-50 Martin cl. « Réfugiés et galériens Protestants » - BSHP 1966 p. 356
-51 Archives familiales de Védrines
-52 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français 1916  p. 152
-53 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français 1927  p. 238
-54 Archives départementales d’Agen G/H 362
-55 Archives départementales d’Agen 11  362
-56 Archives départementales d’Agen 1 PL 393
-57 Lagarde a. « Chronique des églises réformées de l’Agenais »
-58 Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français : m.s. 351
-59 Hornus m. « Synode inédit de Périgord-Agenais, 1771 » - R.A. 1963
-60 Hugues e. – 1886 T. II
-61 Méjean f. – Paris 1947
-62 Krumenacher Y. « Les registres de l’Edit de Tolérance » - BSHP  1988
-63 Richard m. « des Protestants sous l’Ancien Régime »- Hachette 1985
-64 Archives départementales d’Agen  B 1404/1404 bis
-65 Odo G.  « Les mariés de 1789 à Monflanquin » - SLA   n°289-292  1989
 
   
·         AA      Archives Départementales d’Agen
·         BN       Bibliothèque Nationale
·         BSHP  Bulletin Société d’Histoire du Protestantisme Français
·         RA.     Revue de l’Agenais
·         SLA    « Sous les Arcades » Revue de la MJC de Monflanquin
·    Samazeuilh J.F. "Histoire de l'Agenais, Condomois et Bazadais" 2 T., Auch 1846-47
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