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Pierre de VERNEJOUL après avoir tenté de se cacher, d'échapper à ses poursuivants et avoir vu sa maison de LAROQUE saccagée avoue "Ayant été forcé à signer une abjuration... je demeure dans ma maison priant Dieu dans ma religion". Le temps de résistance individuelle prend forme avec le culte familial. Mais, déjà, des pasteurs clandestins sont signalés et parfois emprisonnés. Parmi ces premiers pasteurs du Désert, MATHURIN pasteur à MONFLANqUIN et à LA REOLE avant son départ pour la HOLLANDE. Le temps de la résistance collective est en train de se profiler. Aussi la deuxième génération - celle de Pierre de VÉDRINES écuyer capitaine au régiment de Champagne et mari de Jeanne de PERSY - ne va pas être plus épargnée que la précédente par les autorités civiles et l'église catholique qui tentent d'endiguer le mouvement. En 1700, est envoyé à MONFLANQUIN le missionnaire Jean Arnaud SEILHADE dont l'attitude tranche immédiatement avec celle de M. MOLINIER, curé de la paroisse contre qui il adresse un mémoire à l'évêché pour compromission avec les Réformés. Son premier soin est d'établir des fiches sur tous les suspects de l'endroit afin d'étayer ses dénonciations et de ne point faire d'erreur en délivrant ses certificats de catholicité. (AA 18 J 24 DURENGUES p. 73). Après le départ de Arnaud de SEILHADE, la police du culte - sous l'autorité du curé - prend une autre allure en menaçant davantage la bourse que la vie. En effet le curé mande le délinquant, lui adresse de "paternels" reproches et lui présente surtout les affreux malheurs suspendus sur sa tête; après quoi le curé lui fait signer un engagement pour une somme imposée "pour estre employée aux réparations de l'église...". Engagement élevé qui reste suspendu au-dessus du suspect, comme une véritable épée de Damoclès. A son tour la troisième génération, celle de Pierre de VÉDRINES, écuyer officier au Régiment de Normandie et mari de Marie de MORET, va subir vexations et tracasseries, relancées par la Déclaration de 1724 qui prouve que la communauté protestante est toujours présente. Dans un tel contexte, beaucoup de protestants de cette première moitié du XVIII° siècle, ne se sentant pas le courage de vivre sans état-civil, jurent tout ce que les prêtres leurs demandent et font ce qu'ils exigent. Mais leur mariage enregistré et béni ils ne retournent plus à l'église et "vont au Désert", ce que les historiographes du protestantisme appellent "Le premier Désert". Dans le seconde moitié du XVIII° Siècle, celle où vit la quatrième génération de VÉDRINES avec LOUIS écuyer, ancien officier d'infanterie et mari de Marie de VÉDRINES, se développe "le second Désert" qui mène à l'Édit de Tolérance. Dès lors les protestants se dispensent même de prendre contact avec le curé, contrairement à la période précédente et se marient devant un Pasteur. L'acte de mariage de Jean de LABORDE et de Suzanne DANGEAU, le 26 Juillet 1767, avec pour témoins Pierre de MICHEL, Antoine LALBIE, Claude CAYROSE et Jean BRUGAILLERES, acte signé par RENOULEAU et non un curé, en est un signe parmi tant d'autres. Tout comme le fait que le curé, ayant à enregistrer des baptêmes, reconnaît soit que le mariage des père et mère "ne lui est pas connu", soit "qu'on les dit avoir été mariés au Désert". (BSHP 1857 p. 508 ROBIN). Quatre générations, plus d'un siècle de vexations et de tourments séparent la Révocation de l'Édit de Nantes et l'Édit de Tolérance. Est récompensée la longue patience d'une communauté dont les de VÉDRINES sont représentatifs au point que Louis de VÉDRINES devient Ancien de la communauté protestante de MONFLANQUIN. X X X Louis de VÉDRINES fait enregistrer en tête de liste, dès le 6 Juin 1789, son mariage vieux de six ans avec Marie de VÉDRINES, et donne ainsi l'exemple à la communauté, Jean Joseph RENOULEAU par contre, attend le 24 Décembre 1789 pour s'inscrire dans les tous derniers du groupe. Cette disposition prend allure de symbole quand on sait que face à de VÉDRINES - qui représente la permanence, le maintien contre vents et marées - lui dont la famille est installée à MONFLANQUIN depuis le XVI° siècle, RENOULEAU - d'implantation récente dans l'AGENAIS - joue le rôle de révélateur des problèmes internes de la communauté plongée dans cette traversée du "second Désert". RENOULEAU, dont le pseudonyme est de l'ETAIN, appartient à une vieille famille protestante de ROYAN; après des études à LAUSANNE il est admis en 1761 comme pasteur en PÉRIGORD jusqu'au synode suivant. A ce synode, de 1762, dont il est secrétaire, RENOULEAU est autorisé à faire une ou deux tournées dans les églises de l'AGENAIS et à en devenir éventuellement pasteur. Celles-ci avaient en effet, lors de leur colloque du 23 Février précédent, demandé le ministère d'un nouveau pasteur, si possible RENOULEAU car disent-elles il "a déjà fonctionné dans leur Saint". ( RA 1963 Hormus p. 162 et suivantes ). C'est donc en 1762/63 que RENOULEAU apparaît sur la scène monflanquinoise. Or, dans ces années 60, le climat social et religieux change. La prospérité des Réformés, réfugiés dans le négoce - car chassés des charges publiques et de toutes les professions libérales - est un élément de prospérité générale que ne néglige pas l'Intendant de GUYENNE. Dès lors ordres et contre ordres se succèdent laissant progressivement les protestants gagner du terrain malgré les alarmes. La correspondance de RENOULEAU depuis MONFLANQUIN - entre 1764 et 1768 - montre bien ce climat où se mêlent des moments de tranquillité et de tracasseries. ( SLA 1985 ODO Georges ). C'est dans ces circonstances que "l'AGENAIS protestant" se réorganise véritablement avec pour initiateur le pasteur André GRENIER de BARMONT et que des pasteurs, comme RENOULEAU, prennent le risque d'évangéliser. Le début du pastorat de ces hommes coïncide tout de même à peu près avec l'exécution de ROCHETTE et, si celle-ci demeure un fait exceptionnel, de telles exceptions prêtent néanmoins à réfléchir. (RA 1963 HORMUS p.157) Jean RENOULEAU est certainement un homme de caractère; d'ailleurs sa première affaire l'atteste. Au synode de 1763, l'article 2 des Actes déclare que RENOULEAU pasteur est condamné pour avoir qualifié M. VIALA, pasteur de TONNEINS, d'indolent et M. DUPUY, proposant, d'entêté. Quoiqu'il en soit cette première condamnation ne porte pas grand tort au pasteur de MONFLANQUIN puisqu'il est nommé Secrétaire adjoint du synode de PÉRIGORD et d'AGENAIS en I765, comme il le sera encore au synode suivant en 1766. (E.HUGUES 1886 t.II p. 500). La deuxième affaire, par contre, sera plus grave en 1769. Cette fois il s'agit de son mariage, que le registre de MONFLANQUIN situe le 17 Décembre 1768 avec Marianne FOURNYE de SAINT AMANS. Le synode du PERIGORD-AGENAIS le suspend "sur les imputations qu'il a malversé avec Mad. son épouse, avant la bénédiction nuptiale qui leur fut impartie". A cette occasion transparaissent deux sujets importants pour les protestants du second Désert : en premier lieu le mariage et en second lieu les risques de schisme. Sur les deux plans, l'affaire RENOULEAU est significative. En matière de mariage il semble en effet que les relations sexuelles antérieures à la bénédiction du mariage aient eu tendance alors à se multiplier dans la communauté protestante de la région. Peut-être pour certains parce que, en bonne théologie calviniste, l'homme et la femme ne sont pas mariés par l'église ni par l'état mais se marient eux-mêmes, mais certainement pour la plus grande partie en raison des retards inévitables que supposent les cérémonies d'une organisation religieuse entièrement clandestine. (MEJEAN F. Paris 1947 p. 32). C'est ce contre quoi s'élève l'article 15 du synode d'Août 1765, dont justement RENOULEAU est secrétaire adjoint, lequel synode condamne " ce crime énorme " dont l'assemblée se dit "véritablement affligée" en édictant des peines sévères contre ceux qui s'en rendraient coupables. Quatre ans plus tard, l'accusation que porte contre RENOULEAU son propre beau-père est donc particulièrement grave. Aussi est-il suspendu. RENOULEAU fait appel, en 1770, au synode de la province voisine de SAINTONGE qui - eu égard au consentement donné par la belle famille au mariage, à la rétractation orale et écrite du père, au certificat du chirurgien et au témoignage par écrit de la femme chez qui Madame RENOULEAU a accouché sept mois et un jour après la bénédiction - lève la suspension et permet à Jean RENOULEAU d'exercer son ministère partout... excepté à MONFLANQUIN, LIBOS et CASTELNAUD. (HUGUES II p.500). Et c'est là que se présente le risque de schisme, car RENOULEAU "refuse de s'incliner, soutenu par une partie de ses paroissiens". Au synode de Juin 1776, auquel assiste Louis de VÉDRINES en tant qu'ancien, la brouille n'est toujours pas règlée et RENOULEAU accepte qu'une commission soit nommée. Mais comme le synode nomme un nouveau pasteur, Jacques SOL dit ELIOS, pour desservir le colloque de MONFLANQUIN, RENOULEAU interrompt le dialogue amorcé et se maintient. Dès lors, il y a deux pasteurs concurrents sur le même territoire, ce qui révèle les difficultés du système presbytero-synodal, théoriquement caractéristique du Calvinisme français, mais souvent déformé dans la pratique soit par les tendances autoritaires de certains pasteurs soit par les tendances congrégationalistes de certaines églises. Et c'est ainsi qu'à MONFLANQUIN la population protestante, après avoir traversé victorieusement un siècle de clandestinité a beaucoup moins supporté la paix retrouvée... Se divisant à propos d'un mariage X X X Ces mariages protestants sont déclarés, en 1789 seulement, alors que l'Edit de Tolérance a été signé à VERSAILLES par LOUIS XVI, le 17 Novembre 1787. Ce retard est consécutif à la mauvaise volonté du Parlement de BORDEAUX qui depuis son exil à LIBOURNE est en grève et n'enregistre aucun acte royal; il faut attendre le 6 Février 1789 pour que le Parlement condescende à signer. C'est le 16 Juin 1789 que l'Édit est enregistré au greffe de MONFLANQUIN " en faveur des non-catholiques, aux fins de constater légalement leurs états civils " comme le précise le juge royal investi de l'autorité de procéder à cette régularisation. En effet, désormais les mariages peuvent être déclarés devant des officiers de justice et non plus seulement devant les curés ou vicaires - art. I7 à 20 -. De plus les unions antérieures peuvent être réhabilitées dans le délai d'un an, pourvu que les époux en apportent la preuve et déclarent le nombre, l'âge et le sexe de leurs enfants - Art. 21 -. Cette disposition permet de jouir de tous les droits d'un mariage légitime, notamment en matière d'héritage. ( BSHP 1988 KRUMENACHER p. 385 ).. Le problème des enfants, réglé par l'article 21, n'était pas des moindres puiqu'il créait des contradictions de plus en plus difficiles à résoudre. D'abord entre le pouvoir civil et l'église catholique. RENOULEAU en cite un exemple dans sa lettre du 3 Octobre 1764 "le maréchal de RICHELIEU, gouverneur de cette province a chargé le comte de BEAUMONT gouverneur de BERGERAC ... de n'y pas contraindre par menaces ni aucune persécution d'engager de faire porter tous les enfants baptisés par les pasteurs à l'église Romaine pour y recevoir les cérémonies de cette église... et être enregistrés sur les registres de la paroisse..." Les autorités, sur'tout préoccupées du nombre de sujets sans état-civil dans le royaume, ne sont plus disposées à apporter à l'église catholique une aide aveugle. Ensuite, à l'intérieur de l'église même, où les curés ont matière à réflexion théologale quand ils sont dans l'obligation de baptiser un enfant dont les parents ont eu un mariage non connu de l'église, ou bien qu'on dit avoir été mariés au Désert. D'ailleurs le juge royal lui-même, en 1789, utilise une phrase qui révèle son embarras pour définir le mariage protestant : "depuis leur cohabitation trois enfants...". On peut juger de l'embarras des représentants de l'église Catholique au moment de baptiser ces enfants nés dans de telles circonstances, condamnées par l'église. . . La solution apportée à la question protestante, après un siècle d'oppression/résistance, aboutit à la distinction et à la séparation du pouvoir civil et du pouvoir ecclésiastique. Au fond ce qui se débat ici c'est l'un des plus importants et des plus graves problèmes des sociétés modernes: celui de la Tolérance et de la Séparation de l'Église et de l'État. l'Édit royal est donc enregistré le I6 Juin 1789 à MONFLANQUIN, et ce même jour la famille de VÉDRINES se présente devant le juge royal suivie des familles BRUGALIERES et LACOSTE. C'est dire si la communauté protestante a compris l'intérêt que présente la nouvelle disposition réglementaire et en approuve l'esprit.
RENOULEAU livre une indication précieuse quand, dans sa lettre de Janvier 1765, il écrit "il faut observer que nous n'avons pas de paysans... Je n'ai que sept ou huit cent personnes quoi que mon quartier soit étendu de 10 lieues...". Avant que de tenter des évaluations, il faut souligner que ce quartier excède la seule juridiction de MONFLANQUIN et que, par contre, le registre concerne uniquement la juridiction sur laquelle s'exerce l'autorité du juge royal. A cela s'ajoute le fait que l'enregistrement ne prend pas en compte tous les protestants de la juridiction, certains ne faisant pas l'effort de se déplacer. Dans ces conditions la centaine de personnes que représentent les conjoints, les témoins, les enfants enregistrés ne permettent qu'une réponse parcellaire sur la communauté protestante et qui ne peut être proposée qu'avec prudence. La liste des témoins, cependant, conforte l'idée d'un nombre limité de protestants puisque souvent les mêmes personnages sont obligés de témoigner plusieurs fois à des mariages successifs. I1 en va ainsi de BRUGALIERES, MALESPINE, SAINT BRIS, AUGIER, GORRE, FRAY... ce dernier posant d'ailleurs un problème. En effet Augustin FRAY est procureur de MONFLANQUIN bien que protestant, ce qui laisse supposer également que la "chasse aux religionnaires" n'est plus inquisitoriale. Autre fait intéressant à son propos : Augustin FRAY émerge de sa clandestinité le 7 Décembre avant même que ne soit officiel le décret de l'Assemblée Nationale du 24 Décembre 1789
La liste des mariages confirme, quant à elle, le nombre réduit de paysans, représentés seulement par BIOU et LAPARRE, tous deux laboureurs. Par contre plus du I/3 des couples est constitué par des nobles comme de VÉDRINES, lequel d'ailleurs donne l'exemple en la circonstance. Les paysans, les journaliers surtout, manquent à l'appel; ils se déplacent moins facilement et surtout ne gagnent rien à l'Édit de Tolérance: la liberté du culte public leur est toujours refusée et la possibilité d'hériter ne les concerne pas. Donc peu nombreux, de l'aveu de RENOULEAU, les paysans sont encore moins nombreux à se faire inscrire sur les registres du juge royal, d'où une estimation délicate, à prendre avec précaution. A cela près cette communauté monflanquinoise regroupe essentiellement des nobles, des bourgeois, avec quelques représentants des autres groupes sociaux; mais en tout état de cause tous sont des possédants dont le mariage s'accompagne d'un acte devant notaire. La monarchie a contraint les protestants à se tenir dans le seul champ économique, à l'exclusion des autres; dès lors à MONFLANQUIN le groupe protestant est constitué de détenteurs de biens de production, à l'aisance financière évidente; le noyau central de ce groupe rassemble des familles de propriétaires fonciers, en voie d'anoblissement ou d'anoblissement récent. Ce système socio-économique sort renforcé par l'endogamie pratiquée pendant cette longue période du Désert. Cette endogamie qui ne fait que prolonger celle communément pratiquée dans les milieux nobles a ici une fonction supplémentaire: le maintien d'une religion. Le même objectif recherché par les bourgeois et laboureurs protestants plongés dans ce même contexte difficile, leur fait adopter une attitude identique. On voit ainsi se profiler une nébuleuse socio-économique à base religieuse dont le centre est la paroisse de ROQUEFERE avec des prolongements dans les paroisses de MONFLANQUIN, SAINT SERNIN de LABARTHE, LEYRAC, SAINT ANDRÉ, BOYNET et GALAYSSAC. La liste des mariages permet un autre constat : la permanence de l'action des pasteurs du second Désert. De 1752 à 1788 soit pendant plus de trente ans, le temps d'une génération complète, ces mariages se sont succédés sans discontinuité. Pour ce faire il a fallu la présence d'un pasteur clandestin dans la région avant même RENOULEAU, et la volonté continue d'un groupe humain déterminé à sauvegarder ses valeurs. Dès lors le groupe socio-économique à base religieuse tend à s'installer dans la permanence. Autre mesure de défense à l'encontre des risques de disparition: le groupe s'appuie en outre sur une forte natalité; le pasteur RENOULEAU en est un exemple avec ses 12 enfants vivants. Car il faut compter avec la mortalité infantile: Jean LABBIE I enfant vivant pour 4 décédés, BECAYS/ DUBOURG 4 enfants vivants mais 5 décédés... D'une façon générale les nobles propriétaires fonciers ont de 3 à 6 enfants vivants tandis que les autres ont I ou 2 enfants: une distinction interne au groupe se fait donc jour reposant à la fois sur une tradition et une aisance financière. Une pratique qui permet au sous-groupe central des nobles riches propriétaires fonciers d'assurer sa pérennité pour se projeter dans l'avenir. "Ce fait" protestant se déploie à la vue et au su de tout un chacun. L'église catholique n'est pas en mesure de l'endiguer comme elle le souhaitait; l'autorité civile ne veut que la canaliser; dans la vie quotidienne, de MONFLANQUIN tout au moins, la population n'en fait pas sa préoccupation majeure. Le temps n'est plus, comme au XVI* siècle, où les catholiques ont perdu jusqu'à leur église dans un MONFLANQUIN investi par les protestants. Le temps n'est plus non plus, comme au XVII° siècle, où un équilibre fragile étant acquis sur le plan religieux l'affrontement s'est déplacé vers une lutte âpre pour le pouvoir local à savoir l'investissement de la Jurade. La Révocation de l'Édit de Nantes, de 1685, a fait son oeuvre et les protestants largement minoritaires, en I789, à MONFLANQUIN, ont adopté une démarche qui tant sur le plan religieux que sur le plan politique ne met pas en danger les catholiques en place. Les espoirs des protestants vont vers la reconnaissance de leur droit à un culte privé, à l'organisation d'une église constituée, à leur responsabilité de sujets sans aucune restriction d'accès aux différents postes dans le royaume. L'Édit de Tolérance de 1787 est pour eux le préambule-4'une réforme plus large, il est le signe annonciateur de la fin de la traversée du Désert. Cette espérance ne heurte nullement la bourgeoisie éclairée locale qui par voie de conséquence n'a aucune raison d'alerter l'opinion publique à leur encontre. Les protestants sont donc installés à MONFLANQUIN à la fin du XVIII° siècle dans un modus-vivendi, tout au moins apparent. X X X Pour l'instant il constate que sa longue résistance, feutrée, tranquille mais efficace aux côtés des autres protestants du royaume, a finalement forcé le Roi à adopter en matière d'état-civil une solution qui amorce la séparation de l'Église et de l'État, solution à laquelle le groupe adhère puisqu'il sort immédiatement de la clandestinité. Pour l'avenir ce groupe dont le loyalisme monarchique, largement prouvé aux armées du roi, n'est nullement à mettre en doute, aspire essentiellement à des réformes qui lui restituent une place à part entière dans le royaume. Le décret du 24 Décembre-I789 lui apporte satisfaction alors que l'année s'achève et que l'enregistrement des mariages du Désert à MONFLANQUIN prend fin. Reste donc le droit à une église organisée dont la reconnaissance tarde. Mais les protestants forts de leur expérience d'un siècle de résistance ne perdent pas espoir. La monarchie a déjà été contrainte d'avancer, rien ne peut empêcher qu'elle y soit encore obligée. Les mariés de 1789 à MONFLANQUIN témoignent de cette volonté protestante de vivre dans le royaume avec l'aval de la monarchie, sans heurt avec le milieu catholique environnant./. Georges ODO BIBLIOGRAPHIE AA "Archives d'Agen" suivi du n° du répertoire. AF "Archives de famille" suivi du nom de la famille BSHP "Bulletin Société protestante" suivi de l'année, de la page du nom de l'auteur. HUGUES Édouard "Les synodes du Désert" Paris 1885-1886, avec mention du tome et de la page. RA "Revue de l'Agenais" suivi de l'année, de la page, du nom de l'auteur. SLA "Sous les Arcades" suivi de l'année, du nom de l'auteur. ANNEXE
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